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EMMILA GITANA
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16 novembre 2012

JOINTURES

Entre la nuit et l’aube le choc des pierres
comme mots mats
lancés par la vague
puis restés sans réponse

(lettres passées sur papier jauni
au fond d’un tiroir qui sent la cire)

Épris de ce goût du vent où roulent les nuages
À l’infini de fenêtres fermées
À tâtons
Nous cherchons sur la couture d’un drap
Le fil d’une histoire qui s’épuise
Et le nom de ces choses très simples
qui s’échappent glissent

(bleue et grise l’eau de la mer
et sur la peau l’odeur du large)

En vain les doigts
Dans la coulée lisse d’une rainure du bois
Traversent
La fraîcheur livide du marbre

(bleue et grise la lavande
brins égrenés dans un fond d’armoire)

Entre la nuit et l’aube
Enfoui comme autrefois
Enfui comme autres fois
L’écho perdu d’un battement d’horloge
devant était sans fin
demain était toujours

Métal froid contre la peau
Et sur le verre
Brève empreinte d’un souffle
Déposé en mémoire

La main se referme

Vouée peut-être à n’étreindre que le vide

(chemise de lin pliée
fût-elle portée même une fois ?)


Entre la nuit et l’aube
Passages muets
Jointures opaques
Où sceller les jours
Étroits comme des pierres

(sur la grève sans fin
les empreintes grises d’un oiseau égaré)



Et cet espoir d’une trace
Qui serait ombelle
Au faîte de midi

 

.

 

CECILE OUHMANI

 

.

 

GREEMENT2

 

 

 

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