CHARLES JULIET
(...)
être cette terre
où travaillent
ses racines
ce tronc massif
noueux à l'écorce
éclatée
ce jaillissement
des branches
ces milliers de feuilles
qui frémissent dans le vent
la sève
son extrême lenteur
son travail invisible
et obstiné sa silencieuse
circulation au long
des fibres
qui dresse et déploie
une telle puissance
une si comblante
harmonie
pour apprendre
à ne plus douter
ne plus céder
à l'impatience
tu fais taire
ce brouhaha
ces voix
ces rumeurs
tu voiles de brume
tout cela
qui ne peut
que dévorer
l'œil
et tu gravis
la pente
et là
blotti
dans l'œil-berceau
sourd et aveugle
tu attends
que te gorge
le murmure
de la source
ne doute pas
ne doute plus
va ton
non-chemin
en silence
rends-toi
sourd et
aveugle
pour mieux
assurer
ton pas
et de temps
à autre
fais halte
en un poème
où s'accomplit
la convergence
CHARLES JULIET
Oeuvre Jaya Suberg