QUAND JE SERAI PETITE

15 janvier 2013

Quand je serai petite,
j’aurai une mère et un père
ensemble pour toute la vie
qui s’aimeront si fort
qu’il n’y aurait que la mort
qui pourrait les manger

mais cinq minutes seulement.

Quand je serai petite,
j’aurai un beau chien blond
aux yeux si noir brillant
qu’ils effaceront les nuits
et je ne serai plus forcée
à chaque soir venu,
de retourner me coucher
après l’histoire finie.

Quand je serai petite,
j’aurai le monde entier
pour être mon jardin
et des tas d’araignées
aux guirlandes de soie
tisseront son manteau
d’argent, d’ors et de joies

Quand je serai petite,
je serai à la fois, le chasseur
la grand-mère et le chaperon
et nous ferons un élevage
d’adorables louveteaux
nourris à la galette, au beurre
et au sirop !

Quand je serai petite,
je peindrai l’herbe en bleu
et le ciel en vert pomme
je dessinerai les pluies avec mes crayons
juste pour les démolir
d’un rire et d’un coup de gomme
le soleil sera à moi
et nous le partagerons…

Quand je serai petite,
je naîtrai un matin
des larmes d’un vieux dragon
chargées d’iode et d’étoiles
avec d’immenses paires d’ailes
une pour chaque saison
et je pourrai bouger dans tous les univers
aux confins du cosmos comme au fin fond
des mers

Quand je serai petite,
je n’aurai jamais peur
mon pays sera chaud
et ses cœurs en couleurs.
Les méchants, les idiots
n’existeront pas
on les aura changés
en barres de chocolat

Quand je serai petite,
je n’aurai jamais mal
je n’aurai jamais faim
la sorcière Maladie
se sera tuée elle-même
les guerres seront balayées
à coups de gros câlins

Quand je serai petite,
je toucherai ton âme
juste en te regardant
et tu ne seras pas seul
dans le silence qui veille
aux heures adolescentes
à l’issue des sommeils

Car quand je serai petite,
j’étais éternelle…

SANDRINE ROTIL- TIEFENBACH