DOMINIQUE SAMPIERO
La main est le berger de l'ombre.
L'ombre des mots.
L'ombre de rien.
Elle rassemble.
Une île entre le visible et l'invisible.
C'est par là qu'elle touche les mots, qu'elle les caresse et leur parle.
Ils posent leur front glacé entre nos doigts.
C'est la mémoire des outils; des courbatures.
Des gestes vers la terre.
Et l'on se surprend à tracer dans l'air des arabesques de semailles, à abattre des arbres de verres.
A détourner des rivières muettes.
La main sait tout.
Le mouvement du pain.
Les poutres sur l'épaule.
Conduire les troupeaux.
Cueillir, toucher,ouvrir.
Quand trop de lumière aveugle, la main couvre, incline et l'espace se referme.
(...)
La main sèche les larmes quand sont venus les étourneaux de nos douleurs et qu'il nous crèvent les yeux
jusqu'à les picorer.
La main ferme les plaies.
Comme des fleurs.
(...)
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DOMINIQUE SAMPIERO
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