LE BONHEUR
Court moment qui ignore le temps qui passe.
Souffle de calme après une tempête de violence.
Oubli de l’humiliation et du rejet.
Flash de silence dans le « cahot » des cris,
des larmes et des injures.
Paix intense, tout au fond du ventre,
qui remonte jusqu’au bord des yeux.
Instant suspendu au fil du sursis,
accordé à nos peines.
Regard posé sur l’infinie beauté du monde :
Une branche de pommier
D’où ruissellent de légers pétales,
Des gouttes de rosée qui parlent au soleil,
Un nuage bas qui nous ouate le regard,
Une pluie d’aigrettes s’éparpillant au vent,
L’odeur d’une terre mouillée d’orage,
La douceur des naseaux d’un cheval,
Un envol de bulles de savon,
L’oeil d’or d’un chat,
La triste mélopée du hautbois,
La grâce d’une danseuse,
Un tulle dévoilant nos rêves,
Le silence à tes côtés ...
Comme de petites allumettes, il vous suffira de craquer ces petits moments de bonheur pour qu’ils illuminent , un court instant, vos pannes de vie et brûlent pour quelques secondes, les doigts crochus du destin.
Ces étincelles consumées, il vous faudra conserver précieusement leurs scories, témoins de l’éphémère éclat de nos existences.
Le bonheur est semblable à un incendie : il flamboie, brûle puis s’éteint.
Mais, par ses cendres, nous savons qu’il a existé.
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MARIANNE DOUCET
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Oeuvre Aboud Salman