PIERRE-ALBERT JOURDAN
À ce qui vient et qui, comme précipité par son propre mouvement, te déborde - et la lassitude le nomme hasard - qu’opposerais-tu ? Hasard n’est qu’un nom, le plus commode ou exaltant, je ne sais ; il est la somme de ces forces qui s’inscrivent dans ton propre destin : et quoi de plus qu’une pression infime du temps, l’éclosion d’une fleur de cerisier ? Hasard est un des noms de cette poussée au-dedans de toi. Pourquoi l’habiller ?
Vois comme est lisse ce visage modelé par le vent, lorsque toutes les poussières tiennent dans ton poing ; lorsque tu ne discernes plus s’il est poing, bourgeon ou fleur, ou pourriture. Lorsque, à ce qui vient, tu es source dans la source.
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PIERRE-ALBERT JOURDAN
L’espace de la perte, Éditions UNES, 1984
sur
http://enjambeesfauves.wordpress.com/2012/04/08/ce-qui-vient/
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