SI RESPIRER...Extrait
… Et seulement les retombées de la neige, habillée de miroirs et de volutes. Désir de ce très pur moment quand la main grandira comme un enfant aveugle pour cueillir à même le ciel un fruit miré, et qui n’est rien. C’est alors que la lumière retournera au sol pour s’endormir, immense, dans ses linges. Pour apaiser sa fièvre, et pour, dans la cascade torsadée, éteindre, avec la rosée, sa crinière.
La lampe, mon amour.
Je te revois dans ce jardin de feuilles. La lune y est légère. Et toi, d’oiseaux tes mains. Amande immatérielle, où es-tu, ma très nue ? Et ce violon de rien, posé sur un très pur lit, fils de la pierre. Nous dormirons ensemble. Entre nous ce violon démesuré. Et qui sera détruit.
Ta lumière enfin enlacée à la mienne comme sont, de cuivre et corde, les objets de la mer. Le temps va se lever. Je n’oublie rien de cela qui nous fut dit entre dentelle et fruit. Ni je n’oublie, quand eut cessé l’orage, le retrait de ta rose chaude, jusqu’aux larmes.
(…)
Tout ce qui compte, tu le sais, est liseré, lisière. Je pense à ce qui tremble. Ce gibier-là, soyeux, est de peau transparente sous l’œil dur des fusils. Le sang aussi, facile à prendre. L’oiseau nous oubliera.
Mais toi, dans ce pays. Noire et dorée comme est la moisson de l’orage. L’épée du vent divisera le sel. Tu seras, mon amour, entrebâillée. Ton sang qui flue garnira l’obscure lampe, irradiera. Tu parleras la langue.
On ne saura jamais ce qui fait la nuit s’éclairer à la noirceur. Un ange est là, avec son dos terrible. Pour protéger nos dos.
Et la rivière aussi est-là, enfouie avec ses ruches. Le temps est au silence.
L’abeille est brève entre l’aube et la fleur.
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SALAH STETIE
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