CHANT DE L'AMOUR ARME...Extrait II
Le matin avançait dans le vent de l'été,
soudain, l'évènement.
Mieux vaut
ne pas dire qui ce fut ni comment,
parce qu'une autre histoire vient, qui, elle, restera.
Cela s'est passé aujourd'hui, ici, sur la terre de la patrie,
où le vote, secret comme un baiser
dans un amour naissant, et universel
comme un oiseau qui vole-le vote a toujours
été un droit, et un devoir sacré.
Soudain il cessa d'être sacré,
soudain il cessa d'être un droit,
soudain il cessa d'exister, le vote.
Il cessa d'être absolument tout.
Il cessa d'être rencontre et d'être chemin,
il cessa d'être devoir et d'être civique,
il cessa d'être passionné et beau
il cessa d'être arme -d'être l'arme,
parce que le vote cessa d'être au peuple.
Il cessa d'être au peuple, et rien ne se passe,
et rien ne s'est passé pourtant, rien ?
Soudain rien ne se passe.
Personne ne sait jamais le temps
qu'à le peuple pour chanter.
Mais finalement, il chante, et pour de bon.
Ce n'est pas parce qu'on lui a enlevé le vote
que le peuple pour cela
cessera de chanter,
ni cessera d'être peuple.
Il peut avoir perdu le vote,
qui était son arme et son pouvoir,
mais il n'a pas perdu son devoir
ni son droit de peuple,
qui est d'avoir toujours son arme,
toujours à la portée de la main.
de Chant et de paix est le peuple
quand il a l'arme qui protège
la joie de son pain.
Si ce n'est plus celle du vote
qui lui fut retirée traitreusement,
une autre viendra, peu importe laquelle,
et le peuple n'aura pas de mal à le savoir.
Personne ne sait le temps que le peuple
mettra pour arriver.
Le peuple sait, moi je ne sais pas.
je sais seulement qu'il y a un devoir.
Je sais seulement qu'il y a un droit.
Maintenant oui, qui est sacré :
que chacun ait son arme,
pour défendre au moment venu
plus que la vie,
la chanson qui est dans la vie,
pour défendre la flamme
de liberté allumée
au fond du cour.
Que chacun ait son arme,
n'importe laquelle, quand bien même
elle serait quelque chose de fragile et d'innocent
comme ce poème où chante
la voix du peuple - un simple chant
d'amour.
Mais d'amour armé.
C'est cela le vrai amour. Et maintenant
qu'il n'a plus le vote, l'amour chante
dans le ton qu'il faut,
pour défendre
son droit d'aimer.
Le peuple, ce n'est pas pour cela
qu'il va cesser de chanter.
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THIAGO DE MELLO
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