SOLO DE TOURNESOL...Extrait
Le soleil de van Gogh est tombé
Rien ne pouvait l’arracher
C’était l’invincible géant
du pauvre et du fort
la lumière fixe des courages
Maintenant, retour au soleil sans van Gogh
Qui flambe par devant mais fusille par derrière
Et reste seul à brûler sans jamais retrouver
le toucher de colline de sa boule à feu
ni le sentier au visage
troué de la terre au ciel
qui n’est plus qu’un bagne d’œil noir
et tes yeux pouvaient voir et ton sang aller
Dans ce ciment de sarcophage
le soleil de vie ne sait rien faire du sanglot de vide
et même la mort à souffrir doit rengorger sa giclée de soute vide
Et plus de pourquoi aux poutres du rêve crucifié
Rien que le rire grillé, le rire de silence plané
Au coup de trombe blanche vidée d’un coup
Dans le poitrail
Le soleil treuille un gibet jamais vu
le gibet aux quatre horizons
Et jamais une croix ne sera aussi dure, aussi parfaitement trempée
dans le sang de potence
Que l’immensité d’arène bleue
Tu ne pourras dire un mot, surtout plus le mot de ton visage apparu
sans cette mitraille de rayons en déluge
Sans ce disque de savane qui souffle un vent jaune
sur ton front, tu ne pourras plus apparaître sans cette armée
de chaleur lacérée où même le damné rend un peu de teinte safari
C’est la curée, la grande curée, le grand haro
Le grand encerclement, la procession, la ronde solaire, le grand rassemblement, la coalition électrique, les mains de la ronde, la corde des poutres, le dévalement des cohortes, la chasse aux sorcières, la Commune à l’envers, c’est le feu de joie d’une bousculade dans les bûches, et la fin des bûches méconnaissables qui se taisent noir sur jaune dans la jetée d’ombres noires.
Les haies sont dressées
D’un côté les morts, de l’autre les soleils
Un soleil par mort
chaque soleil rendu à son mort.
Et dans ton cœur au bal des morts au soleil
J’ai gueulé le fer de tous les barreaux
Mais chacune de mes vies
plantera un rayon dans ton cœur
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NICOLAS ROZIER
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