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EMMILA GITANA
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6 septembre 2014

TANGER

Opaline et de bleu, Tanger, la belle,
Tremblée dans les lumières divine aquarelle
Marine et de ressacs jaillis cristaux de sel
Hérissés aveuglants dans la toile du ciel
Rêves
Etoilés dans les yeux infinis des mômes épelant échappées d’un deux trois oiseaux Lyre
De soupirs
Exhalés
Vaporeux
Exaltés dans l’azur
Et je guette avec eux, le regard à l’envers et les boucles rebelles, éclosion sous les doigts insensés des brisants des figures des nuits qui vibrent dans nos chairs songes écrits au souffle voilé feu d’une voix expirant en silence, du bout ténu des lèvres, un sort filé aux âmes pailletées des enfants

Pour qu’elles restent libres

Me manquent plus que jamais, Tanger, tes mots enchantés et leurs corps et tes rides flagellées dans les vents comme cris du levant, comme élans de printemps de cigognes et de lierre, comme terres opale lézardées de soleil, comme mémoires gravées à tatous de nos fièvres, comme extases salines dans les roches ambrines, comme griffes félines de fièvres océanes pétries dans nos chairs et nos yeux embués de sel ou de lumière, me manquent
Toi et
Moi
Faillies
Malgré pâmoisons de bouquets amarante ou
De sang
Dans les murs
Respire, me manquent toi et
Moi suffocante à bris braises de toi, à feu bribes de nous vives encore en moi d’innocence d’avant
D’avant quoi ?
Respire
D’avant toi, maintenant, d’avant moi, maintenant, d’avant
Ce temps cinglant cinglé immuables présents de nostalgies de cendres et matins
Aveuglants
De cécités belles à mon âme à refaire au silence vierge des miroirs
Eteints

Ibn Battuta. Ce nom n’avait longtemps été pour moi que celui du bateau qui menait de Tanger à Algesiras, malgré l’énergie que mettait mon père à nous conter
Me manquent
Toi
Et tes mots plus beaux que murmures des nuits
Nous conter l’histoire d’un grand voyageur, ses récits, ses exils, mais je buvais ses mots sans l’écouter vraiment, ses mots qui m’enivraient comme bonheurs de papillons, comme rires de matins de marguerites et danse frêle de coquelicots. Je les happais bouche gourmande et les palpais comme des bonbons. Je les cueillais dans le désordre, guettais avide ceux qui fleurissaient marbrés d’amour et de rosée, humectaient ses yeux verts et incendiaient les miens. Je les cueillais dans le désordre et rhabillais le monde aux pigments de leurs sèves.

Ibn Battuta a perdu son éclat. Il s’est fané fendu sous les frasques de l’Histoire, les larmes abrasives et les cris et les deuils des terres oubliées et des siècles trahis. Mon voyage a le regard béant de l’enfance égarée qui ne sait plus ses rêves. Le gout des pèlerinages amers. J’invoque mots à barioler le monde mais les papillons rampent, se heurtent et se bousculent, palpitent frétillent dans ma tête poussiéreuse agonie. Je cherche dans les plis des marées les dauphins des jours d’avant ma mémoire bâclée. J’irai les inventer plus tard dans les nuages.

Tanger se dessine au loin, par-delà ce rocher ridicule, désormais, dénudé, désolé, gisant là enroulé dans les vapeurs des eaux comme corps dépecé scarifié sacrifié au bûcher meurtrier de jusants d’arrogances charriant dans leurs filets chevelures de milliers de misères étreintes fibreuses désespérances et j’invoque mots d’amour et de rosée qui me faisaient jadis cette île vaste d’exotiques contrées de terres cuites et de joies frappées dans les terres cuites aux fièvres des tam-tams, de terres qui s’écartaient sur les rides des sages, s’inclinaient, espéraient une ride en offrande, terres, de poètes et de rois courtisant âmes vives des chantres, terres de chants et de scribes savants et ruelles courant au creux des cités fières mais les terres d’Afrique brûlent, père, et les larmes des leurs grésillent dans les sables qui recrachent aux vents comme une offense à Dieu, l’Arabie a perdu son chemin vers demain et poètes et scribes ont péri, vois, père, et les livres ont brûlé sous des foudres aveugles et le monde, père, a perdu la mémoire, disloquée, vois, père, innommables miroirs, et prophètes et apôtres pleurent Jérusalem de sang sacrificiel et de pain profané et les rues de Bagdad sont de murs fissurés par hurlées assassines de haines et de terreurs et je convoque mots d’amour et de rosée mais tes mots se bousculent, s’effritent dans ma tête impossible agonie dont je colmate folle les souffles démembrées aux fissures des jours, corps, essaimés, comme puzzle éclaté dont les yeux à l’envers je suture affolée les traits défigurés ou je mourrai
Sans toi
En dernier souffle vain

Gaïa se dresse, au loin, par-delà ce tumultueux détroit qu’Héraclès avait, d’un sifflement de sabre esquivé par Antée, ouvert là éruptif dans les eaux tourmentées tourbillonnant depuis sulfureux corps à corps et
J’irai revoir les grottes ciselées
Dans un chant de sirène éclos à même la pierre
Ouverte
Bleue, sur les deux mers apaisées, maintenant, déroulées langoureuses lagunes pailletées comme un rêve d’enfant, comme un rêve d’avant mes rêves égarés, quand Atlas soutenait la voûte d’un ciel beau dont je croyais encore les bleus impérissables et les flammes bénignes et j’irai
Revoir
Les vergers de fruits d’or volés aux Hespérides, les chimères enroulées aux branches des pommiers parmi nymphes riant aux goélands cendrés volant vers les salines, j’irai
Mendier
Tes mots
A un jardin secret perdu dans les vallées...

 

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BOUTHAINA AZAMI

 

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ZEDD68,,

Oeuvre Zedd68

 

 

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