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EMMILA GITANA
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6 janvier 2015

QUINZIEME POESIE VERTICALE

   Éteindre la lumière, chaque nuit,
    est comme un rite d’initiation :
    s’ouvrir au corps de l’ombre,
    revenir au cycle d’un apprentissage toujours remis :
    se rappeler que toute lumière
    est une enclave transitoire.

    Dans l’ombre, par exemple,
    les noms qui nous servent dans la lumière n’ont plus cours.
    Il faut les remplacer un à un.
    Et plus tard effacer tous les noms.
    Et même finir par changer tout le langage
    et articuler le langage de l’ombre.

    Éteindre la lumière, chaque nuit,
    rend notre identité honteuse,
    broie son grain de moutarde
    dans l’implacable mortier de l’ombre.

    Comment éteindre chaque chose ?
    Comment éteindre chaque homme ?
    Comment éteindre ?

    Éteindre la lumière, chaque nuit,
    nous fait palper les parois de toutes les tombes.
    Notre main ne réussit alors
    qu’à s’agripper à une autre main.
    Ou, si elle est seule,
    elle revient au geste implorant
    de raviver l’aumône de la lumière.

 

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ROBERTO JUARROZ

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lumiere

Photographie Frédéric David

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