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EMMILA GITANA
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16 décembre 2015

LE MUR MURMURE

La chaise en pierre
Toute nue
Face au mur
Pendue
Entre ciel et terre
Dévisage
Les pierres
Crépues de crasse
Lancinantes
Je me situe
Face à la brèche
Qui donne sur le cœur
De la mémoire murale
Est- ce que le vieux mur
Se rappelle en lui
Des premières mains
Posées sur la dureté
De son écorce vierge
Des premières araignées
Tissant la toile
Dans les fissures naissantes
Des premières silhouettes
Adossées sur
Les premières chaleurs
Je m’assois
Sur la chaise
A remonter le temps
Figé je suis
Face au fragment
D’empreintes
Se profilant
Sur le mur
Par devant
Ces attitudes
Interrogatoires
Je m’offre
Au débat
Avec les spectres
Murés à jamais
Sur les abords
De la ruine
Ma quête commence
Par un temps
De contemplation

Par un temps
De réminiscence
Je m’approprie
L’édifice
Dans mon registre
D’affection
Je songe
A la lumière qui coule
Abondamment
Sur la marche
Authentique
Les mouvements rotatifs
De la volée
Engendrent
Un bruit acoustique
Qui apparaît de même
Réceptif
A mon intention
Maintenant je vois
Je suis dans le miroir
Mon corps a pénétré
La roche
Mes gestes
Convulsent les époques
Maintenant je peins
Ce que je reçois
A l’aide
Des poussières
Des cailloux
Des bois
Des feuilles
Des pluies
Des lumières
Des nuits
Des tissus
Des poils
Des métaux
Des toux
Maintenant je doute
Que le mur
Disparaisse
Dans l’écho de l’ocre
Que la pluie
Dissolve la pierre
En poudre à canon
Que le vent

Disperse l’empreinte
Aux terres effacées
Mon corps
Redevenu pigment
Exclame
Son autorité chromatique
Il danse en transe
A l’esplanade
Des insectes martyrs
J’assiste mon fantôme
Frémissant
A la lueur assiégée
J’astreins mon geste
Etourdissant
A la clarté ravivée
Je peins encore
Et encore
Sur mon tapis
De prière
Face au sol
La silhouette
D’un grand âge
Que j’ai vu
Sur le trottoir
De nombres impairs
La silhouette
Voûtée
Traînante
La canne à la main
Vieillissant
Durablement
Trimbalant
L’âge de muraille
Je peins encore
Et encore
Sur le linge tendu
Face au soleil
Les portraits
Qui héritaient
Des ténèbres
De la guerre
Sans objet
Le linge porté
Par les martyrs
De la misère
Qui sont morts

De l’ivresse
De l’alcool à brûler
D’hypothermie
La ventre raide
Effondrés
Contre un paravent
De plaisir
Je peins encore
Et encore
Les femmes couchées
Face au ciel
Sur la blessure
Fondamentale
Causée
Par les chasseurs
Du sublime
Qui infligent
La matraque
A la féminité
Les femmes victimes
D’être femmes
Au pays bourreau
De belles jambes
De belles robes
Encore et encore
La peinture
Est dans le mur
Une population
Dans un bled
Vivantes de larmes
Vivantes de rires
Belles la nuit
Belles le jour
Témoins de la guerre
Témoins de la paix
Folles de sang
Folles de l’eau
Encore et encore
La peinture
Est au pied du mur
Une pantoufle multiple
Une langue silencieuse
Un amas de race
Un mot infini
Je suis né
Dans ce mur

Amant de l’histoire
Il y a quatre milliards
D’années
De berceaux
En berceaux
J’ai vogué
Sur toutes les mers
De ville en ville
J’ai marché
Sur toutes les terres
J’ai pleuré les noirs
J’ai pleuré les blancs
J’ai pleuré les rouges
J’ai pleuré les jaunes
De mêmes larmes
De même sang
Désormais
Je suis là
Je m’assois
Sur la chaise en pierre
J’appelle à la prière
La peinture coronaire
Désormais
Je suis là
Et j’espère
J’espère
La résurrection
Des papillons
Qui brûlent amèrement
De chaleur séduisante
Et s’envoleront
Curieusement
En haut des airs
De poussée culminante
Et j’espère
J’espère
La naissance de l’enfant
Venant
Pleurant
Au monde souriant
Où la guerre meurt
De pénurie d’armes
Et j’espère
J’espère
La lecture du bonheur
Sillonne les rues

Dans les villes
Allumées
De chants savoureux
Et j’espère
J’espère
En haut du mur
Un oiseau céleste
Tout près de nous
Veillant le nid
Où nous logeons
Parmi les pierres

 

! DIAMON~11

 

 

KAMEL YAHIAOUI

 

! DIAMON~11

 

 

STEPHANE BOUILLET,

Photographie Stéphane Bouillet

http://www.stephanebouillet.com/

 

 

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