LE SEUIL
L'âme frissonnante de froid
(dehors ce serait le geste
de qui se blottit dans son manteau)
nous hésitons sur ce seuil vide
(faut-il entrer ? faut-il fuir ?)
avec la sensation d'être épiés,
dès que nous tournons le dos
par une oeillade, furtive,
décochée depuis un rideau ou un abat-jour,
prompte à se retirer comme une lame
de canif se refermant en un déclic.
Qui nous attend et pourquoi ? Viendra-t-il à notre rencontre
en hôte amical
pour nous conduire à son feu à sa table ?
Ou jaillira-t-il de l'ombre pour nous saisir aux poignets
et nous étouffer de chaînes ?
Déchirant la trame des minutes,
brouillant les images,
le vent règne
désormais sur tout :
un vent innombrable
affole les girouettes,
disperse nos pensées
jusqu'à l'orée de l'enfance,
jusqu'aux visions encore plus confuses
d'un futur qui ne parvient pas à éclore.
Nous sommes ici (y resterons-nous toujours ?)
cloués devant un seuil
que nous n'osons franchir ou quitter :
incertains du choix
et de la possibilité même de choisir.
Mais qu'est-ce donc qui importe là où nous sommes,
si, étant, ce que nous sommes,
nulle part nous ne connaissons la paix.
.
Rabbrividendo di freddo
dentro l'anima
'fuori sarebbe il gesto
di chi si stringe in un mantello)
esitiamo su questa soglia vuota
(meglio entrare ? fuggire ?)
col senso di qualcuno che ci spia,
dell'occhiata che scocca
da una tenda o un paralume, furtiva,
pronta a guizzare indietro come lama
di temperino che a scatto si chiude
appena ci voltiamo.
Chi ci attende e perché ? Ci verrà incontro
come un ospite amico
per guidarci al suo fuoco, alla sua mensa ?
O balzerà dall'ombra per afferrarci ai polsi
e soffocarci di catene ?
Ora su tutto
domina il vento
lacerando la trama dei minuti,
scompigliando le immgini :
un vento innumerevole
che fa impazzire le banderuole
e sperde i nostri pensieri
fino agli orli confusi dell'infanzia
e alle visioni ancora più confuse
d'un futuro che non riesce a sorgere.
Noi siamo qui (vi staremo sempre ?)
inchiodati davanti ad una soglia
che non osiamo varcare o lasciare :
incerti sulla scelta
e sul potere di compierla.
Ma cosa importa dove siamo
se, essendo quel che siamo,
in nessun luogo ci sentiamo salvi ?
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MARGHERITA GUIDACCI
Traduction Philippe Di Meo
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