LA VIE BUISSONNIERE...Extrait
« Quand je regagne la chambre, j’entends grincer le vieil escalier de l’enfance, celui qui me fit tout comprendre, sans ajouter le moindre mot, la moindre phrase, m’ouvrant d’un seul coup à la vie immense, celle qui naît ici, à partir du point le plus minuscule : une ruelle, un visage, une façade, un oubli, un souvenir, quelques lignes, une phrase, des voix, oui, surtout des voix dont ma vie fut d’écrire un chapitre façonné par le lointain et le proche, l’aventure de l’inconnu. Je ne saurai jamais tout ce que ces voix m’ont dit, murmuré, mais monte en moi leur inoubliable musique, une forme de secret dont le cœur, seul, peut toucher la vérité, comme l’aile d’un oiseau qui nous frôlerait le visage, s’envolant dans l’azur, emportant avec lui ce que l’on ne saura jamais dire. Je reste là, sur le seuil d’un jardin, muet dans la lumière du soir. »
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JOËL VERNET
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