ET LE DRUIDE DISAIT
À André, le magicien de mon enfance
.
Au fond de chacun
il y a une forêt peuplée d'une mémoire de brindilles,
l'enfance et la mort y côtoient une peur instinctive
où l'homme cherche son maître.
Au jardin neuronique,
l'enfant que j'étais me tient par la main,
petit fantôme venu de ce pays d'hier
aux réalités buissonnières,
avec lui, encore je cherche
ce druide qui, de rires en tempêtes,
sous sa robe de vent, égarait mes chagrins.
Cours le siècle, comme une rivière qui s'assèche,
le revoilà, le vieux druide, qui revient,
avait-il la voix de ma mère, celle d'un oncle,
qui chantait des mots à faire taire nos frayeurs ?
Je me souviens de sa comptine :
Caresser et courir parmi les plantes
est une joie de vivre qui fait danser,
partout les fleurs sont soleils dans mon domaine,
ma maison est si grande que le ciel s'y pose,
de tiges en racines.
Et nous voilà encore, petit fantôme, vieux druide et moi
réunis en cet ailleurs de la raison où continue la vieille chanson :
J'ai déchiré ma robe d'alizée et de marine,
à trop traverser le pays d'hommes, le rire s'est arrêté…"
Le vieux druide chante encore pour quelques fleurs
et une enfance qui s'acharnent à garder les pieds sur terre.
J'étreins des fragrances si enivrantes qu'elles montent à la tête,
au jardin de l'immense, l'infime envoûte
un chemin de parfums, de pluie, et de soleil
où le petit fantôme et le druide de mon enfance,
encore, ébrouent mes rêves
.
JEAN-MICHEL SANANES
12/04/2020
http://chevalfou.over-blog.net/
.
Oeuvre Henry Clarence Whaite