THIERRY MATHIASIN...Extrait
Même si je dois cueillir les pluies
aux sillons de tes os
Mâcher la terre crachée de tes lèvres
Semences d'oiseaux nichés dans ton crâne
Ma demeure, les murs aux foudroyants frissons
Ouvrir les trouées sédimentées des montagnes où jouissent les rivières,
les jambes déployées aux flancs des crues splendides
Élève ton coeur jusqu'à la cambrure du ciel
Tes anges aux vols blessés dans la nef minérale des sources
Mon intransigeance poussée dans le fatras des corps, l'axe époustouflant des assomptions
Nous ne parlerons qu'aux bêtes traquées
La fourche caudale des cris extrêmes
Embrasse les arbres encore debout
Frotte ton sexe à leur sève silencieuse
Bois les cascades cotonneuses du fromager
La concrétion des esprits et tout le voyage des sens ravagés
Une même ferveur creusée à l'ombre des mancenilliers, les écorces vermoulues
où tu as vu tomber les fruits du crépuscule
À la postérité et à nos vies sauvages, envolées avec les papillons
La forte odeur des gouffres d'où nous sommes sortis victorieux
Le flux Intarissable du pourrissement
Le poids difficile des tragédies
Dressons nos rêves aux portes de l'Atlantique
Notre radeau ballotté sur ce que fut le temps
.
THIERRY MATHIASIN
.
Oeuvre Hiroko Otake