THIERRY MATHIASIN...Extrait
Ils seront de ceux qu'on a entrevus mais
jamais connus
Des apparitions parmi les êtres qui se
cherchent encore une identité
Des étoiles filantes sur la lame des nuits
calcinées
Monstres nageant dans le liquide fantasmé
des vraisemblances
Enfants porteurs d'une saison sans soleil
Jouant de la pantomime avec la
mort qui a des airs de jeunes filles éconduites
Ils iront voir si les statues
méritent les racines où elles se sont dressées
injurieuses
Les veuves pleurer sur les trottoirs laissés
aux commerces putassiers
Pas de fous à lier aux barreaux des vérités
toutes faites
Ni de suicidés perdus dans un long purgatoire
de chemins crevassés
Mutants dansant dans la chair avariée d'un
monde au bord de la rupture
Ils parleront à Zarathoustra des visages que la
passion a désertés, des oiseaux
pourvus seulement d'une plume d'apparat
Des masques aux yeux crevés
où ne survit aucune chaleur, même pas une
lueur de ce pourquoi ils s'étaient
tant battus
Les consciences coulées dans la
reptation, criant vers un ciel depuis si
longtemps sourd
Ressemblant plus à un vieux couvercle sous
lequel tout n'est que souvenirs
Ils seront de ces poètes pour qui la vie n'a été
qu'un sursis entre la tombe et la
prophétie
Veilleurs infatigables aux portes
du non-retour
Aussi affectés que les ombres
que le vent n'arrive pas à emporter
.
THIERRY MATHIASIN
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