LA MER CONTRE LE NEANT
Une forme visible,
aérienne, compacte,
contre le quartz que perce,
minéral, le regard.
Des points incandescents,
des lames lentes longues,
des profils irisés,
d'incandescentes masses.
Des voix brèves surgies
de leurs blanches racines,
dessinent dans les airs
une végétation d'ailes.
Des volumes précis
de vibrantes voyelles
fondent lueurs et choses
en une exacte transparence.
Des jardins édifiés
sur l'iris de l'aurore
fondent la splendeur dans des sources,
des fleuves blonds entre les branches.
Vers des oui lumineux,
incises dans les eaux,
des cristaux réfléchissent
le dire dans sa succession .
Chaque corps est colonne.
Chaque couleur, parole.
Chaque graphème, monde.
Chaque colonne, lave.
Langage. Oui : langage.
Magma, matière , monde.
Mémoire : mélodie
de la mer contre le néant.
.
JAIME SILES
Extrait de Columnae, Ed. Visor, Madrid
Traduit de l'espagnol par Raymond Farina
.
Oeuvre Norman Ackroyd