21 mars 2022
ANNA MARIA CARULINA CELLI, POEMES ...Extrait
Vous le dites avec honnêteté
L'honnêteté déshabille
Et vous ne craignez pas l'examen de vos plis, de vos cicatrices
Vos grains de beauté
Vos taches d'encre
Vous parliez du besoin d'étreinte
De la caresse nécessaire
Sans quoi s'efface non pas la chair
Mais l'esprit
Le corps se flétrit
Il est la peau du chagrin
Lorsque personne ne nous touche
Plus
Nous disparaissons
Nos contours s'évaporent
Puis le sang
C'est le souffle qui tient les frontières
Abandonnés par la tendresse d'une autre main
Nous manque une paume assez profonde à habiter
Une seconde peau où tisser la première
Mon autre
J'ai besoin de toi
Pour me saisir
Ne pas m'échapper à moi-même
J'ai besoin de tes doigts
Qui me retiennent de fuir
Glisser ainsi que sable
M'éparpiller ainsi que cendres
Sans tes effleurements, je ne peux séparer le dedans du dehors
Je m'effondre
Ainsi l'on voit parmi les hommes
Des carapaces vides
En masque de vivant
Ou des ombres qui tremblent dans le vent
Elles passent
La violence de l'absence d'une main
Est plus fatale pour l'âme
Que le coup, l'ignoble coup bleuissant les visages
J'ai vu des êtres se blesser
De mélancolie ou d'orages
Pourvu que le corps soit touché
Par une lame, des dents, une flamme
Parce que la douleur me dit où je suis
Combien sommes-nous à nous faire mal
Chargés de lumbagos, d'ulcères, de migraines, de maladies de peau
Faute d'un enveloppement rassurant
L'on connaît des maisons inhabitées
A première vue, pleines
Où le feu est éteint
Où l'on meurt
De froid et de faim
Il y a bien longtemps
Aux heures des nuits obscures
Lorsqu'autour des premiers hommes
Rôdait le spectre de la mort
En attendant le retour du jour
Ils se serraient corps contre corps
Photographie Ava Sol
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