29 avril 2023
POEMES CHOISIS
De côté sur le drap,
paysage déjà tellement marin,
tu ressemblais à une vague couchée,
sur la plage.
Une vague qui s'arrêtait
ou plutôt : qui se retenait ;
qui retenait un instant
son bruissement de feuilles liquides.
Une vague qui s'arrêtait
à cet instant précis
où la paupière de la vague
tombe sur sa propre pupille.
Une vague qui s'était arrêtée
en se soulevant, interrompue,
qui immobile se serait interrompue
du haut de sa crête
et se serait faite montagne
(car horizontale et figée),
mais qui tout en se faisant montagne
continuerait à être eau.
Une vague qui conserverait
sur la plage lit, finie,
la nature sans fin
de la mer de laquelle elle fait partie,
et dans son immobilité,
que l'on devine précaire,
le don de se répandre
qui fait les eaux féminines
ainsi que le climat d'eaux profondes,
l'intimité sombre
et un certain complet enlacement
que, des liquides, tu copies.
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JOAO CABRAL DE MELO NETO
traduits du portugais (Brésil) et préfacé par Matthieu Dosse.
Editions Gallimard 2022
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