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EMMILA GITANA

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10 mars 2024

AVERTISSEMENT AUX LECTRICES ET LECTEURS

Nous tenions à prévenir les lecteurs de ce blog que certains " incidents " et changements de cet espace poétique et littéraire sont indépendants de notre volonté...En effet suite à la migration des milliers de blogs de " Canalblog " vers la plate-forme...
10 février 2025

LEO FERRE....Extrait

 

 

Je suis un cinglé des animaux, de tous le animaux, des plus gigantesques aux plus petits, de l'éléphant jusqu'à l'araignée que je protège et à qui nous mettons souvent une soucoupe de lait au dessous de sa toile merveilleuse; les araignées adorent le lait.

 

Les chiens , à la maison, c'est sacré; rien ne se fait chez nous sans penser à eux. Nous vivons à quatre pattes comme eux, à leur portée. Ils se mettent aussi à la notre et nous aiment, et nous lèchent tout le long du jour.

J'avais trois gros Saint-Bernard, des " Sarah Bernard " comme disent les curieux, des saints tout court comme nous disions. Ils sont morts cette année dans nos bras , comme nos enfants, car ils étaient nos enfants. Je n'aime pas beaucoup parler de ce grand malheur, mais comme je vous raconte nos amours, il faut bien que je vous raconte nos peines. Ils sont partis pour ce paradis des chiens où les hommes ont des muselières. Je ne comprends pas les hommes qui n'ont pas de chien;  ils s'excusent en disant qu'ils n'ont pas l'espace nécessaire, que les chiens seraient malheureux etc. ....Les hommes qui n'ont pas de chien sont des hommes incomplets . Ils ne savent pas ce qu'ils perdent...Les hommes qui n'aiment pas les chiens, qui leur font des misères sont indignes. Je les enchaînerai volontiers dans un cul de basse-fosse avec une gamelle de déchets, avec comme gardiens des molosses qui leur apprendraient la tendresse, " condamnés à l'Amour "....

Voilà la peine que méritent les gens qui n'aiment pas...

 

Ma maison est trop petite, sinon j'en ferais une arche comme le bon Noé, une arche sans littérature et sans rameaux d'olivier, une vraie arche pleine d'oiseaux, de papillons, de crapauds, de singes, de lapins, un hibou aussi. Nous en avons eu un pendant deux mois, un ange, et qui est mort entre nous deux dans le lit...

 

Et puis tout ce que vous pourrez imaginer, avec dans un immense sac d'avoine, un vieux cheval, un qui a travaillé toute sa vie sous les coups d'un paysan imbécile et méchant; un bon gros vieux cheval de la brume et qui m'apprendrait à être juste. Les chevaux m'empêchent de dormir : ils me tirent par les pieds la nuit. Ils me disent de venir les prendre et les garder au chaud. Moi, je leur mets des couvertures de mémoire. Ils aiment bien un peu de chaleur les chevaux. Qu'est-ce que vous croyez ?! 

Et puis les abattoirs, rien que ce mot glacé sur une page blanche, et j'y vois une tâche indélébile. Il y a des mots qui salissent la langue française, le langue tout court, et ça fait mal dans la bouche. Tout ce qui vit m'est pitoyable, parce que voué à l'échec plus ou moins tardif de la mort; mais la mort alimentaire m'inverse l'estomac, la mort que l'on étend en croix derrière les vitres d'un boucher me fait penser à un pays où on vendrait de l'homme à la criée sous le regard indifférent du cheval de fiacre. C'est l'indifférence des animaux qui me donne le sentiment de leur divinité. Les Dieux ne mangent pas, ne rient pas, ils pleurent peut-être, qui sait, en pensant à notre condition quand ils sont le cheval de la glace à midi, à Paris, et qu'ils pendent à leur cou le petit sac d'avoine, leur dernière fortune.

 

 

 

 

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LEO FERRE

 

 

 

 

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LEO FERRE, AMOUR DES ANIMAUX, EXISTENCE, COEUR

 

Oeuvre Jan Bruegel
 

10 février 2025

JE HAIS LES FLEURS ARTIFICIELLES

 

 

Aujourd'hui, j'ai envie d'arrêter un peu le roman de ma vie, qui n'est pas un roman, d'ailleurs. Mais comme je suis là pour vous parler de moi, je vais essayer de vous dire en vrac ce que j'aime dans la vie, ou dans ma vie, et ce que je n'aime pas. Je sais que vous avez envie que je vous dise ce que j'adore ou ce que je hais, c'est plus fort. Eh bien, allons-y. J'adore les spaghettis avec la sauce tomate et le parmesan, pas les spaghettis tristes et mal cuits. La pissaladière aussi. Si j'ai le temps, la prochaine fois je ferai comme monsieur Olliver, je vous donnerai la recette de la vraie, vraie, pissaladière : elle a un secret, maman me l'a donné. Les raviolis, n'en parlons plus.

J'adore les chiens. Ça, c'est autre chose. Tous les chiens. Je ne peux pas vivre sans chien. J'ai dû être chien dans une autre vie. Les chevaux, les éléphants, si un jour je suis très riche, vous voyez ce que je veux dire... Je vais finir par vous raconter ce que j'aimerais avoir. Non, ça aussi, c'est un autre chapitre. J'adore la vie, j'ai une peur atroce de mourir. Même très malheureux, je n'ai jamais voulu mourir. J'adore ma femme, aussi, et depuis si longtemps que cela revient à dire que j'adore notre fille. J'adore la musique, la belle musique. C'est tout. C'est beaucoup d'adoration.

Eh bien, j'ai au moins autant de haines.

Je hais la bêtise, sous toutes ses formes. Ça ne veut pas dire que je me pense, et veuille me faire paraître, très intelligent. Sincèrement, je ne sais pas ce que c'est, d'être très intelligent. On est intelligent pour ceci ou pour cela, on est doué, on a du talent. Le génie, vous savez la phrase de Jacques Iber : c'est 5 % d'inspiration et 95 % de transpiration. Je hais l'ennui, et la bêtise distille l'ennui. «La bêtise au front de taureau», comme disait Baudelaire. Remarquez que je ne suis pas tellement d'accord avec lui, car je préfère personnellement le taureau au toréador. Enfin, passons.

Je hais les gens faux et hypocrites, je hais la lâcheté, la lâcheté morale. Je ne hais pas celui qui fuit sous les bombes, car je hais la guerre. Je n'aime pas la musique dodécaphonique, qui, comme son nom l'indique, compte les demi-tons comme on compte les huîtres à la douzaine. Je n'aime pas les meubles modernes, la pluie quand elle s'attarde, le plastique quand il quitte la cuisine et qu'il se prend pour un objet d'art, les académies, quelles qu'elles soient, car on y vieillit trop vite, les jurys. Je hais les jurys de toute mon âme, les critiques, quand pour faire un mot ils détruisent une pièce de théâtre ou un livre, les critiques à l'aise devant un art difficile. Je hais les foules muettes devant un pantin de la politique. Je hais, au fond, je hais ce qui est haïssable comme on dit, et cela fait beaucoup au bout du compte.

J'adore le soleil, tous les soleils, je hais les cours sombres et humides. J'adore les fleurs des champs, je hais les fleurs artificielles, j'adore les gens qui cueillent les fleurs des champs, je hais les gens qui achètent des fleurs artificielles. J'adore le vent, la nature, le bruit des choses de la vie simple, je hais le bruit des voitures devant ma maison et les trompettes de l'apocalypse quand elles font pin-pon pin-pon comme les pompiers et l'ambulance. J'adore l'air libre et que l'on respire à grandes gorgées avec un être qu'on aime et qu'on adore.

 

 

 

 

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LEO FERRE

 

 

 

 

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LEO FERRE, AUTO BIOGRAPHIE, CARACTERE, GOUTS, EXISTENCE

Oeuvre Emile Nolde

10 février 2025

LETTRE A LA MER

 

 

J'ai vite fait cette nuit, avec la route qui m'arrivait dans les yeux comme un ciné d'asphalte, j'ai vite fait pour te revoir. L'Aube n'en finissait pas de bailler dans son plumard d'ouate fusain et cette radio allemande qui essorait sur mister Hertz la musique du plan Marschall ! C'était Francfort, je crois, où tu n'es jamais allée, ni moi non plus. Entre deux cris de saxophone j'imaginais Paul Valéry et ses œillades à ton museau d'éternité, je pensais aussi à la philosophie perverse du homard réclamant son visa pour l'Amérique et se délestant subito de sa carcasse pour finir tout mou et minable dans une gueule à la française. Vrai, la mue de ce pauvre homard dans ce casier, l'année dernière, entre deux gammes, ça n'est pas une des moindres de mes découvertes, sous tes jupons de varech, quand tu foutais le camp là-bas reprendre un peu de sang à la lune... Tu es une galvaudeuse, la mer, et je t'adore.

 

Moi, je suis né sur ta cousine, la Méditerranée, tranquille, souriante, avec l'accent aussi, bleue certes, plus souvent que toi puisqu'on la teint, à ce qu'on m'a dit, pour les touristes, chaque été...sans doute des combines à syndicats d'initiative ! Bref, ta cousine fait le tapin pour le baccara, on l'a muselée, ce sont les galets qui la retiennent, le sable il y a belle lurette qu'il s'en fout, il traîne à Juan-les-Pins sous le cul des demoiselles. Minable, je te dis, la Méditerranée. Ils ne sont même pas arrivés à en faire une opérette potable. Toi, tu as fait la croche à Debussy...Il est vrai qu'il avait un sacré talent !

 

Quand j'ai débarqué ce matin tu n'étais pas là, sans doute ton rancard lunaire. Il y avait bien tes cheveux qui traînaient, encore tout mouillés de la nuit, mais ton admirable tête d'écume loin de mes mains toutes sèches des villes farfouillait l'horizon de je ne sais quelle hâte à recoudre des draps de coutil bleu lavasse. Que tu es mystérieuse, la mer ! Où pars-tu loin de moi quand j'arrive tout gris d'essence. Vas-tu regonfler de ton sel quelque baleine danaïde ou te perds-tu en conjectures langoustines ? ... Joues-tu avec ces bateaux riches jusqu'à les démâter ou peut-être cajoles-tu le mousse en lui remplissant la mémoire de sardines hors commerce ! Les rocs jaloux te crachent à la figure et toi tu les lapes d'un coup en les laissant debout dans leur connerie de granit pendant que tu ravales ta vague travailleuse. Tu les pompes, les rocs, tu les écorches pour te broder la dentelle où tu dors le soir avec tes chevaux de marée haute ! Tes chevaux ! parlons-en, ils hennissent à m'en faire perdre toute la musique. Sur tes tringles de rocailles il fait beau les voir dans leurs galops d'équinoxe éructant tes baves d'outre-tombe et broutant les esquifs guignols. " Les chevaux de la mer ne traînent qu'une idée". Tu peux rajouter cette couronne au cimetière marin... ça ne me fera pas faute. La métaphysique, tu le sais, ne fait pas le poids

 

Tous ces noyés en puissance et qu'on appelle les estivants que font-ils donc avec leur œillères-chaises-longues ? C'est toi le spectacle et ils sont sur la scène, nègres saisonniers à tirer la couverture, pendant que "tu leur sers la soupe" et des souvenirs de café du commerce. Que tu es bonne, la mer, d'exister pour ceux qui ne te voient jamais! Les jouets en caoutchouc, les petits seaux et les petites pelles, les bouées dites de "sauvetage" aussi peut-être, tout cet attirail impersonnel, te rendent bien plus hommage dans leur candeur inhumaine que le vieux monsieur ventre à l'air, le goujat, qui t'arrime dans ses jumelles ou que la pin-up qui te brasse vers les midis quand tu es repue, calme et désolée. L'idée que je me fais de toi, vois-tu, est d'une autre planète pour ne pas dire d'une autre qualité...

 

Lorsqu'il m'arrive de parler aux hommes avec un parti pris de sincérité, tiens-toi bien, je dis que je ne t'aime pas, que tu me fais peur, que je t'ai entrevue par hasard au cinéma où à Deauville, quand tu es de service, bref ça fait toujours son petit effet et l'on me demande pourquoi ? avec l'à-propos de gentillesse qui caractérise les "bonnes" relations. Tiens, il n'aime pas la mer, ce petit ! eh bien on va lui demander de s'expliquer... Alors, du tac au tac je leur réponds : " parce que j'ai le même mal qu'elle". Et ils rient à cordes cassées, ah ! ah ! "le mal de mer, le mal de mer..." Ils ne savent pas ce que c'est le mal de vivre, ces imbéciles, pas vrai, la mer ? Ils ne savent pas ce que nous savons tous les deux depuis que l'on sait quelque chose dans cet univers glacé : la certitude que nous ne savons rien, et tu le sais tellement bien toi, que l'idée même d'être la mer te fait continuer à être la mer...
un peu comme moi : l'idée que je suis un homme me fait continuer à être un homme. Moi qui te pense, me dirais-tu, moi qui t'invente et qui te nomme, je pourrai peut-être me bousculer et aller voir ce qu'il y a derrière !


Tu ne peux pas t'acheter un browning pour en finir une fois pour toutes avec tes ressacs et tout le tremblement, moi oui... je peux m'acheter un browning, mais je ne le fais pas parce que j'ai peur, et surtout parce que je suis heureux dans ce que je fais, parce que je ne m'ennuie que lorsque je t'écris, ce n'est pas de l'ennui, non, c'est de la tristesse, parce qu'il faut que je t'écrive une lettre qui composera mon livre qui n'est pas encore composé, parce qu'il ne faut pas que je meure avant d'avoir fini ce que j'entreprends aujourd'hui avec toi et avant même d'avoir écrit beaucoup d'autres choses, avant d'avoir encore fumé des Celtiques à m'en arracher les éponges, pas les mêmes que toi, moi je respire avec, toi tu commerces..., avant d'avoir mangé des kilos et des kilos de spaghettis à l'italienne, expressément cuisinés par mon Amour, chez moi dans ma maison, parce que j'aime la vie et que le mal de vivre, dont je t'ai touché une bribe tout à l'heure, n'est qu'une manie littéraire et que la littérature y'en a marre comme on dit à l'Académie Française.

 

Vois-tu la Mer, tout ce qu'on a entrepris sur ton dos, depuis que les "artistes" t'ont fait CONCEPT, me donne la nausée car il y traîne toujours quelque malversation poético-commerciale qui rend ta beauté monocorde et inutile. Au fond, tu n'es qu'un ciel mouillé, comme mes yeux, quand je pense à toi sans te mettre sur une carte postale ou dans une symphonie, mais en t'aimant, ce matin, de retour des villes où ça sent l'homme, tout seul dans un coin de la plage, et lisant avidement le calendrier des marées, seule philosophie que je te concède.

 

 

A demain la Mer, dans tes bras

 

 

 

 

 

 

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LEO FERRE

 

 

 

 

 

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LEO FERRE, LETTRE A LA MER, EXISTENCE

Oeuvre Nicolas de Staël


 

9 février 2025

CITADELLE... Extrait

 

 

"Tu ne sais pas, leur disait-il, ce qu’est un arbre. J’en ai vu un qui avait poussé par hasard dans une maison abandonnée, un abri sans fenêtres, et qui était parti à la recherche de la lumière. Comme l’homme doit baigner dans l’air, comme la carpe doit baigner dans l’eau, l’arbre doit baigner dans la clarté. Car planté dans la terre par ses racines, planté dans les astres par ses branchages, il est le chemin de l’échange entre les étoiles et nous. Cet arbre, né aveugle, avait donc déroulé dans la nuit sa puissante musculature et tâtonné d’un mur à l’autre et titubé et le drame s’était imprimé dans ses torsades.
Et je le voyais chaque jour dans l’aube se réveiller de son faîte à sa base. Car il était chargé d’oiseaux. Et dès l’aube commençait de vivre et de chanter, puis, le soleil une fois surgi, il lâchait ses provisions dans le ciel comme un vieux berger débonnaire, mon arbre maison, mon arbre château qui restait vide jusqu’au soir… "

 

 

 

 

 

 

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ANTOINE E SAINT-EXUPERY

1948.
 

 

 

 

 

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ANTOINE DE SAINT- EXUPERY, ARBRE, RACINES, NATURE, BEAUTE, OISEAUX

 

7 février 2025

L’AURORE BORÉALE

 

 


[…]

 

C'est le panorama que l'esprit du vertige
Déroule à l'infini de la mer et des cieux.
Sous le souffle effréné d'un vent mystérieux,
Dans un écroulement d'ombres et de lumières,
Le voile se déchire, et de larges rivières
De perles et d'onyx roulent dans le ciel bleu,
Et leurs flots, tout hachés de volutes de feu,
S'écrasent et, trouant les archipels d'opale,
Déferlent par-dessus une montagne pâle
De nuages pareils à des vaisseaux ancrés
Dans les immensités des golfes éthérés,
Et puis, rejaillissant sur des vapeurs compactes,
Inondent l'horizon de roses cataractes.

 

 


Le voile en un clin d’œil se reforme plus beau,
Lové comme un serpent, flottant comme un drapeau.
Plus rapide cent fois qu'un jet pyrotechnique,
Il fait en pétillant un sabbat fantastique,
Et met en mouvement des milliers de soleils
A travers des brouillards transparents et vermeils
Comme cristallisés dans la plaine éthérée.
Quelquefois on dirait une écharpe nacrée
Qu'un groupe de houris secouerait en volant
Dans l'incommensurable espace étincelant ;
Tantôt on le prendrait pour le réseau de toiles
Que Prométhée étend pour saisir les étoiles,
Ou pour le tablier sans bornes dans lequel
Les anges vanneraient des roses sur le ciel.

 

[...]

 

 

 

 

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WILLIAM CHAPMAN
(Extrait de Les aspirations, 1904)

 

 

 

 

 

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WILLIAM CHAPMAN, AURORE BOREALE, PAYSAGE, ENCHANTEMENT, COULEURS, BEAUTE

 

Oeuvre Frédéric Edwin Church

3 février 2025

ANNA MARIA CRULINA CELLI... Extrait

 

Je n’arrêterai pas de boire 
La voix d’un oiseau traversant aux aurores la cathédrale inachevée du temps 
Les neiges fondues  
La fraîcheur des rivières de là-haut
La rosée à la pointe des feuilles 
Le lait des figues et la confiture sur la blessure des abricots 
Le thé noir qui fume dans la tasse jaune 
Les larmes étincelantes de mes chagrins 
Les premiers rires d’un tout petit enfant 
Les vers d’un poète 
Les vers d’un poète étranger 
De bouche à oreille 
De langue à langue 
Le sel sur une peau aimée 
Les mots tombés sur l’oreiller 
D’une lèvre ensommeillée 
Lorsque l’amour s’est retourné et s’en retourne en son pays natal : les rêves profonds peuplés de grands lacs où s’abreuvent les bêtes assoiffées 
Jusqu’à la prochaine soif 
Je n’arrêterai pas le boire dans ton verre 
Pour imaginer tes pensées, les suivre au long des grèves ourlées d’écume 
Je ne veux rien savoir puisque je sais 
Que je peux y boire les yeux fermés 

 

 

 

 

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ANNA MARIA CRULINA CELLI

 #poèmes

 

 

 

 

 


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ANNA MARIA CARULINA CELLI, SENTIMENTS, AMOUR, ABSENCE, MEMOIRE

Oeuvre Florence Dussuyer

https://www.florencedussuyer.com/

2 février 2025

PARIS DE MA FENÊTRE...Extrait

 


« La flognarde que me fait Pauline quand j’ai bien travaillé, récompensez-en aussi vos enfants, vous n’y prendrez ni grande peine ni grande dépense, et c’est le plus expéditif des plats sucrés, cette grosse crêpe qui, dans le four, se fait enflée tellement qu’elle en crève.
Deux œufs seulement, un verre de farine, un d'eau froide ou de lait écrémé, une bonne pincée de sel, trois cuillerées de sucre en poudre. Dans la terrine, vous faites la fontaine avec la farine et le sucre, et vous incorporez peu à peu le liquide et les œufs entiers. Puis battez le mélange comme une pâte à crêpes ; versez-le sur la tôle à tarte préalablement graissée, et mettez à tiédir sur un coin du fourneau ou du réchaud, pendant un quart d'heure, afin que le four ne "surprenne" pas votre pâte. Après quoi, en vingt minutes de cuisson, la flognarde devient une énorme boursouflure qui emplit le four, se dore, brunit, crève ici, gonfle là… Au plus beau de ses éruptions, retirez-la, sucrez-la de sucre en poudre légèrement et partagez-la toute bouillante. Elle aime bien une boisson qui pétille : cidre, vin mousseux ou bière pas trop amère. »
 

 

 

 

 

 

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COLETTE

 

 

 

 

 

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Flognarde

31 janvier 2025

L'ORDINAIRE DES ANGES...Extrait ( A PARAÎTRE )

 

 

L'inconsolé du jour traverse des heures lentes. Si je pleure ce n'est pas parce que je ne veux pas que tu sois là où tu es, c'est parce que tu manques là où je suis. Le reste va son train de mesure incomplète. Le gros de l'hiver penche sur le sommeil des plantes, des bêtes et des hommes. Ce n'est plus ma main qui saisit les mots, ils viennent à ma fenêtre, claquent du bec pour je comprenne. Que je comprenne quoi ? 

 

 

 

 

 

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ILE ENIGER

 

 

 

 

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ILE ENIGER, ABSENCE, DOULEUR, MANQUE, MEMOIRE

Oeuvre Goxwa
 

31 janvier 2025

 

 

La longue traversée de janvier est presque terminée. Ce mois si âpre, ce tribunal des oiseaux, violence contenue qui délivre un verdict glacial. Je regarde sur le quai, nous avons perdu beaucoup d’amis, n’est-ce pas ? Des fleurs humaines tendues dans la lumière à la merci de la passion. Ils finissent par ne plus manquer tant ils se sont intégrés au phrasé délicat de l’absence. Sommes-nous bienveillants avec les heures ? Sommes-nous attentifs au jet de la vie qui semble ne jamais devoir s’interrompre ? Il y a dans l’âme le négatif de toutes les lumières qui attendent le bonheur pour se convertir. Nous posons des questions à notre corps, il ne nous répond pas, quelles sont les intenses mutations qui s’apprêtent ? Nous avons été jadis des amants dans la bivalence argentique des peaux. Nous étions in-folio. Nous pensions que la parole partagée était claire, il est clair que pour chacun la compréhension des mots de l’amour est différente. Vient le temps de se retrouver en soi, protégé des échardes, des éclisses, des éclats d’innocence. Je regarde sur le quai, les trains sont puissants comme des animaux mythiques. Ils réunissent le possible et séparent les « peut-être » Mille visages pour une seule vie, celui des gisants, celui des éveillés, celui des endormies. Il me reste de la vie, le sentier le plus abrupt mais aussi les contemplations. Je suis conscient de chaque jour et chaque jour m’est reconnaissant. 

 

 

 

 

 

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© PATRICK CHEMIN

 

 

 

 

 

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PATRICK CHEMIN, JANVIER, EXISTENCE, QUESTIONNEMENT

 

25 janvier 2025

FAITES L'AMOUR...

 

 


 Et ensuite, faites l’amour.
Pas de sexe, juste de l’amour.
Et avec ça je veux dire
Des baisers lents sur la bouche,
Sur le cou,
Sur le ventre,
Sur le dos,
Les morsures sur les lèvres,
Les mains tressées,
Et les yeux dans les yeux.
Je veux dire, des câlins tellement serrés.
Pour devenir une seule chose, 
Des corps piégés et des âmes en collision,
Caresses sur les rayures,
Des vêtements arrachés à la peur,
Bisous sur les faiblesses,
Sur les signes d’une vie
Qui jusqu’à ce moment-là
A été un peu fanée.
Je veux dire, les doigts sur les corps,
Créer des constellations,
Inhaler des parfums,
Les cœurs qui battent ensemble,
Les respirations qui voyagent
Au même rythme.

 


Et puis sourires,
Sincères après ceux 
Qui ne l’étaient plus.

 


Voilà,
Faites l’amour et n’ayez pas honte,
Parce que l’amour est de l’art,
Et vous, les chefs-d’œuvre divins. »

 

 

 

 

 

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ALDA MERINI

 

 

 

 

 

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ALDA MERINI? AMOUR, SENSUALITE, SENTIMENT

 

Le baiser d'Auguste Rodin

25 janvier 2025

EMILEZOLA... Extrait

 

 

Paris frissonnait sous l’étreinte glaciale d’un hiver rude, implacable. Les rues pavées du Marais luisaient d’une fine couche de givre, et un brouillard lourd, humide, semblait vouloir étouffer les derniers éclats de vie de cette ville en mouvement perpétuel. Au pied d’un réverbère vacillant, une silhouette tremblait. Ce n’était pas un homme, ni un enfant, mais un chien, un pauvre chien au pelage sale et clairsemé, qui semblait lutter contre l’abandon plus encore que contre le froid.

Ses côtes saillantes dessinaient des ombres sous sa peau tendue, et son regard, profond, implorait une aide silencieuse à chaque passant. Mais qui, en ce cœur de Paris si affairé, avait encore le temps d’entendre la souffrance d’un être sans voix ? Les chaussures claquaient sur les pavés, pressées, indifférentes. Un homme d’affaires au manteau impeccable détourna les yeux ; une femme en cape de fourrure resserra son col comme pour se protéger de la misère qui rôdait.

Ce chien n’était pas né de la rue ; cela se voyait à ses gestes maladroits, à cette manière qu’il avait de chercher dans les visages une trace de familiarité. Son museau s’agitait dans l’air glacial, traquant une odeur perdue, un parfum de foyer qu’il ne retrouverait jamais. Il avait été laissé là, sur un trottoir, un jour comme les autres, par celui qu’il aimait sans réserve. Depuis, il errait, une âme en peine, incapable de comprendre pourquoi le fil de cette fidélité sacrée avait été coupé.

Soudain, un enfant, peut-être neuf ou dix ans, s’arrêta devant lui. Ses joues rougies par le froid trahissaient l’hésitation : tendre une main vers cette pauvre bête ou répondre à l’appel impatient de sa mère, qui l’attendait à quelques mètres. Le chien leva ses yeux pleins de supplication vers le garçon, et, un instant, le monde sembla suspendu. Mais la voix de l’adulte brisa le charme : « Laisse-le, il est sale, il va te mordre. » Et l’enfant, malgré un dernier regard, s’en alla.

Le chien resta seul. Le vent s’engouffrait entre les bâtiments comme une lame, mordant la chair et l’espoir. Il finit par s’allonger contre une vitrine, à moitié dissimulé par une boîte en carton mouillée. Les lumières du bistrot d’en face dansaient sur son pelage fatigué, projetant une ombre floue, presque fantomatique. La ville continuait de vivre autour de lui, immense et indifférente, tandis que, dans ses yeux, une lueur s’éteignait doucement, comme une flamme qui s’épuise face à la nuit.

 

 

 

 

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EMILE ZOLA

 

 

 

 

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EMILE ZOLA, CHIEN, ABANDON, MISERE, LÂCHETE

 

 

 

 

 

 

 

25 janvier 2025

J'AI ADOPTE TON CHIEN AUJOURD'HUI

 

 

J’ai adopté ton chien aujourd’hui. Celui que tu as laissé là-bas, dans ce refuge froid, comme on dépose un objet dont on ne veut plus. Il portait sur lui l’ombre de ton abandon, cette marque infâme qu’on devine dans le regard d’une bête trahie.
Sais-tu qu’il a maigri, à en voir sa peau coller à ses os ? Ses yeux, caves et vides, semblaient me demander ce qu’il avait bien pu faire pour mériter cela. Il tremble sans cesse, comme si le monde entier l’effrayait. Et son silence... ah, ce silence lourd qui n’est pas celui d’un chien heureux, mais celui d’un être brisé, incapable de croire encore.
J’ai adopté ton chien aujourd’hui. Son poil, infesté de puces, portait les stigmates de ta négligence. Il avait mal, et son corps lui-même semblait hurler à la douleur. Ils m’ont dit, là-bas, que tu l’avais abandonné sans un mot, sans un dernier regard. Comment as-tu pu détourner les yeux devant tant de fidélité ?
Il ne joue pas. Il regarde la gamelle, mais mange à peine, comme si le goût de la vie s’était enfui. Il traîne ses pas, sans joie, sans but. Il est triste, infiniment triste, et il me faudra du temps, beaucoup de temps, pour effacer en lui la trace de ta lâcheté.
Mais qu’importe. Avec ma femme, nous l’aimons déjà. Il a trouvé une maison, un foyer où il pourra reposer sa tête fatiguée, un endroit où le feu crépite doucement et réchauffe les âmes blessées.
J’ai adopté ton chien aujourd’hui. Je lui donnerai tout : la patience des jours, l’amour qui guérit, et la sécurité d’un foyer où plus rien ne l’effraiera. Il oubliera, oui, il oubliera ce que tu lui as fait. Mais moi, je n’oublierai pas.

 

 

 

 

 

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CHIEN, ABANDON, MISERE, LÂCHETE, ADOPTION

Natcho et Milo, abandonné lâchement dans le maquis Corse; trouvés vers le 20 septembre 2024

Adoptés tous les deux....

 

 

 

22 janvier 2025

LES CHARITES D'ALCIPPE...Extrait

 

 

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge
N'empêcheront jamais que vous ayez été ;

 


Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que le lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.

 


Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant ;
Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.

 


Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

 

 

 

 

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MARGUERITE YOURCENAR
« Les charités d'Alcippe » ;

La Flûte enchantée, Liège 1956 |

nouvelle édition 1984, © Gallimard

 

 

 

 

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MARGUERITE YOURCENAR, LES CHARITES D'ALCIPPE

Oeuvre de ?
 

22 janvier 2025

UN ELAN DE COMPASSION

 

 

Il y a dans la perte d’un chien ( d'un chat ) une douleur brute, une sorte de deuil silencieux que peu osent avouer, comme si la société, avec sa dureté et son pragmatisme, n’accordait qu’un regard distrait à cette souffrance. Pourtant, pour celui ou celle qui a partagé des années de sa vie avec un compagnon à quatre pattes, l’absence se fait sentir comme un gouffre béant. Les objets du quotidien, la laisse pendue près de la porte, le tapis usé par les siestes interminables, deviennent autant de témoins muets d’un amour brisé.
Face à cette douleur, comment soutenir celui ou celle qui pleure la disparition de son chien ? Tout d’abord, il faut comprendre que le deuil d’un animal est un véritable deuil. Il n’est pas moindre parce qu’il s’agit d’un animal. Le lien qui unit un humain à son chien dépasse souvent les simples mots : il est fait de regards, de gestes, d’habitudes. Chaque matin, le chien attendait à la porte, chaque soir il accueillait son maître avec une joie sans mélange. Cette routine, disparue, laisse un vide vertigineux.
Le premier geste de soutien consiste donc à écouter. Écouter avec patience, sans minimiser cette perte. Trop souvent, dans un élan malheureux, on dira : « Ce n’était qu’un chien. » Ces mots, cruels dans leur ignorance, peuvent blesser davantage. Il faut, au contraire, reconnaître la profondeur de l’attachement. Dire simplement : « Je comprends que cela doit être très difficile pour toi. » Ces mots, si simples soient-ils, ouvrent un espace où la douleur peut s’exprimer.
Ensuite, il faut être présent. Il ne s’agit pas de noyer la personne sous des conseils ou des distractions forcées, mais de lui offrir une compagnie douce et discrète. Une promenade, un thé partagé, ou simplement un silence respectueux suffisent souvent. La solitude est lourde lorsqu’on a perdu un être qui comblait chaque instant de sa présence. Être là, c’est alléger ce poids.
Il est également utile d’encourager le souvenir. Les albums de photos, les anecdotes partagées, ces fragments de vie commune, sont des moyens pour la personne endeuillée de transformer sa douleur en tendresse. Parler du chien, de ses petites manies, de ses moments drôles ou émouvants, c’est garder vivant ce lien dans la mémoire.
Enfin, il est important de respecter le rythme du deuil. Pour certains, la douleur s’apaisera rapidement ; pour d’autres, elle persistera des mois, voire des années. Il ne faut jamais forcer la personne à « tourner la page » ou à envisager un nouvel animal trop tôt. Le moment viendra, ou non, selon son propre chemin.
La perte d’un chien est une épreuve, mais c’est aussi une preuve de la profondeur des liens que nous, humains, pouvons tisser avec le vivant. Être là pour ceux qui souffrent de cette perte, c’est reconnaître cette humanité partagée, faite de fragilité et d’amour. Et dans ce geste, peut-être, nous grandissons tous un peu.

 

 

 

 

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CHIEN, DEUIL, EPREUVE, LIENS, AMOUR, PERTE, DOULEUR

 

Jean-Paul Belmondo 

dans " Un homme et son chien "

2008

22 janvier 2025

ELLE....Extrait

 

 

Elle parcourt la nuit comme une, prise en faute. Elle a oublié les références, ne garde de la bibliothèque que quelques préférés. Derrière elle, l’éboulement des jours a fracassé les souvenirs. Elle ne se retourne pas. Loin du poids des choses, elle va. Au centre vit le feu, lent et juste, avec ce point de bleu pour la lumière froide dans la force des rouges. Et pour l’embrasement, il suffit d’une étincelle. D’un projet même d’étincelle.

 

 

 

 

 

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ILE ENIGER
Extrait du livre d'artistes "Elle" -

Ile Eniger (textes) - Emile Bellet (peintures) -

Editions Chemins de Plume

 

 

 

 

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ILE ENIGER, TEMPS, MEMOIRE, SOUVENIRS, CAROLE JEULIN, ETINCELLE, VIE

Oeuvre Carole Jeulin

https://www.carolejeulinartistepeintre.com/

 

18 janvier 2025

LA PIERRE

 

 


La pierre dans l’air, celle que je suivais.
Ton œil, aussi aveugle que la pierre.

Nous étions
des mains,
nous vidions les ténèbres, nous trouvions
le mot, qui remontait l’été :
Fleur.

Fleur – un mot d’aveugle
Ton œil et mon œil:
ils s’inquiètent de l’eau.

Veille silencieuse,
pan de cœur par pan de cœur
cela s’enfeuille.

Un mot encore, comme celui-là, et les marteaux
s’élancent dans l’espace libre.

Tant d’étoiles, que l’on nous tend.
J’étais,
quand je te vis – quand ? -
dehors parmi
les autres mondes.

O ces chemins, galactiques,
O cette heure, qui nous
compléta des nuits sur le fardeau de nos noms. Il n’est,
je le sais, pas vrai,
que nous ayons vécu, il passa aveugle un souffle entre
Là-bas et Pas-là et le Parfois,
un œil siffla comme une comète
allant vers l’éteint, dans les ravins,
là, où cela se consume sans éclat, se tenait
le temps, en majesté
et déjà vers le haut, vers le bas, poussait sur lui
ce qui fut ou ce qui sera -,

je sais,
je sais et tu sais, nous savions,
nous ne savions pas, mais
nous étions pourtant là et pas là-bas,
et de temps en temps, quand
seul le Rien se tenait entre nous,
alors nous étions totalement l’un et l’autre

En haut,
les voyageurs
demeurent
inaudibles.

 

 

 

 

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PAUL CELAN

 

 

 

 

 

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PAUL CELAN, SENTIMENT, ATTIRANCE, EXISTENCE, TEMPS,

 

18 janvier 2025

UN ENTRETIEN DE " HAUT VOL ": DOMINIQUE DE VILLEPIN....INTELLIGENCE, CULTURE, HUMANISME, CLAIRVOYANCE

 

 

 

DOMINIQUE DE VILLEPIN, EDWIN PLENEL

14 janvier 2025

CHRISTIAN BOBIN...Extrait

 

 

La vraie force, c’est celle qui sait prendre soin de la fragilité. Être fort, ce n’est pas écraser les autres sous le poids de ses certitudes ou de ses ambitions. Être fort, c’est être capable de douceur dans un monde qui ne l’est pas. C’est accueillir le doute, le vide, le silence, et continuer d’avancer, sans jamais céder à l’amertume. La vraie force est invisible, elle se niche dans les gestes simples, dans les regards bienveillants, dans la patience des jours.

 

 

 

 

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CHRISTIAN BOBIN

 

 

 

 

 

 

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CHRISTIAN BOBIN, FORCE, FRAGILITE, DOUCEUR, BIENVEILLANCE, PATIENCE

Oeuvre Ferdinand Rizkiyanto

 

14 janvier 2025

LES VRILLES DE LA VIGNE ... Extrait

 

 

Enchantée encore de mon rêve, je m’étonne d’avoir changé, d’avoir vieilli pendant que je rêvais… 
D’un pinceau ému je pourrais repeindre, sur ce visage-ci, celui d’une fraîche enfant roussie de soleil… 
L’eau sombre du petit miroir retient seulement mon image qui est bien pareille, toute pareille à moi, marquée de légers coups d’ongles, finement gravée aux paupières, au coin des lèvres, entre les sourcils têtus… 
Une image qui ne sourit ni ne s’attriste, et qui murmure, pour moi seule : ''Il faut vieillir. Ne pleure pas, ne joins pas des doigts suppliants, ne te révolte pas : il faut vieillir. Répète-toi cette parole, non comme un cri de désespoir, mais comme le rappel d’un départ nécessaire…
Éloigne-toi lentement, lentement, sans larmes ; n’oublie rien ! Emporte ta santé, ta gaieté, ta coquetterie, le peu de bonté et de justice qui t’a rendu la vie moins amère ; n’oublie pas ! Va-t’en parée, va-t’en douce, et ne t’arrête pas le long de la route irrésistible, tu l’essaierais en vain – puisqu’il faut vieillir !'' 

 

 

 

 

 

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COLETTE

 

 

 

 

 

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LES VRILLLES DE LA VIGNE, COLETTE, VIELLESSE, TEMPS, MEMOIRE, ENFANCE,

 

EMMILA GITANA
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