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EMMILA GITANA
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29 mars 2008

L'EXIL

 « L’exil m’érode, tige dans la tempête de dune
Les vertiges, nausées du sevrage, me renversent
Chiffon que le vent agite
Sur les piquets des campements désertés.
Le parfum de la nostalgie m’étouffe
Comme un enfant entraîné par le reflux des vagues
Le soleil dessèche mon cœur
Mes yeux sont tannés par le regard de l’étrangeté
Grimace de fantômes
Les soucis creusés sur mon front
Des rivières, marques de la vie
Rides d’une pastèque abandonnée
Sur les pas de la caravane
Qui relie Ghadamès à Tombouctou.
Mes souvenirs sont figés dans les mirages du temps
Aujourd’hui des milliers de milliers d’étapes
Vallée de vipères, falaises de fumées –ténèbres
Me séparent des campements de jadis
Où les corbeaux ont dévorés les rayons de la vie nomade.

L’exil me noue comme les cordes des marins
L’angoisse m’élime comme une aiguille de douleur

Des années et des années sont passées
Je suis la trace de mes rêves
Tant de nuits ont coulé derrière moi
Je danse dans les flammes

J’ai goûté la sève des fruits de tout l’univers
Les parfums de toutes les fleurs
Menthe, jasmin, grenadier
Fraîcheur du palmier
Jardins, ombres des palais
Mosquées du Moyen-Orient

J’ai écouté l’écho des larmes
Métissage de tous les accords
Je me suis bercé à toutes les aurores- balancelles
Mais rien n’a adouci mes gémissements

J’ai dit
Où sont les tentes de jadis
Imprégnées de l’indigo d’ahal ?
Où sont les tentes d’autrefois
Ouvertes vers l’horizons des étoiles
Le désert de la liberté errante ?

Où sont les saisons de la transhumance
Cours d’amour et de beauté ?

Où sont les plaines de mirages
Où pâturent les jeunes chamelles
Aux gazelles mêlées
Gardées par des garçons
Tresses serrées dans la ceinture.

O jusqu’à présent, j’entends les cris de joie
Des braves guerriers
Je vois encore dans le soleil couchant
La silhouette des antilopes au cou élancé
Les maîtresses de l’ahal
Sourire de la lune.

Kha ! Caresse fine des doigts
Sur le  violon de l’honneur
Qui nous allie au toit des constellations
Hors du temps.
Khay ! Mes brûlures n’ont pas de remède
Car mes rêves sont emportés
Dans les tourbillons d’acier
Des machines- dragons
Entre la patte des hyènes.

Quelle erreur de confier le gouvernail du vaisseau de la vie
A des épouvantails qui la font dériver dans la tempête.

Nous emporterons l’étincelle de cet exil
Jusqu’au trône des galaxies
Au royaume des éclats qui plongent
Dans les océans de la lumière.
Car la douleur de notre exil se confond
Avec celle des gémissements de l’âme
Voyageuse
Des corps- pierres jusqu’à l’absolu. »
                                                
                                             HAWAD

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berberes

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