COLETTE ... Extrait

Qu’elles ne viennent pas trop vite, ces couleurs que le film cherche, et qu’il appelle les couleurs de la vie.
Nous les attendons sans impatience, et pas encore résignés, d’après les derniers essais, à l’indiscrète clarté, au printemps plat et à la monotonie qu’elles versent sur le profond noir et blanc.
Le blanc, et le noir, leurs combinaisons et leurs contrastes infinis nous démontrent, chaque soir, qu’ils acceptent admirablement l’arbitraire, c'est-à-dire l’intervention de l’art humain. Que deviendra le cinéma réduit à la vérité photographique qu’autrefois, et juste le temps de l’asservir, il a subi.
Que deviendront les contrastes saisissants d’ombre et de lumière, qui sont des commentaires psychologiques d’une incomparable éloquence ? La technique du film coloré ne les retrouverait qu’en forçant, en truquant les couleurs de la nature, qui prodigue rarement les excès de polychromie. Et nous entrevoyons déjà la nécessité de créer une palette cinématographique, c'est-à-dire une trahison de ces couleurs naturelles que les laboratoires cherchent si âprement…
Avant même d’avoir perdu ce noir et blanc, le film que j’ai vu hier suscite, ranime mes regrets prématurés et mes appréhensions.
 

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COLETTE 

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Le diable au corps 1947

Micheline Presle et Gérard Philippe