GENESE

Au commencement il n’y avait rien ; et Rien sentait le citron et la myrrhe et la lavande mâle. Puis autour du Rien la nuit s’enroula : la nuit mordit sa queue et l’infini fut créé.
Puis il y eut douze étoiles de la gloire de Dieu, et autour de chacune de ces étoiles douze autres ; et douze étoiles de la gloire de Satan ; et douze vers pour les tombes des douze premiers anges.
Puis il y eut les maladies en collerettes mauves, la Peste, la Variole, le Travail et la suite. Il y eut une vérole de l’azur sous le nom de nuages, une peste de la nuit qui s’appela lumière. Et l’espace fut en travail de la terre sept ans.
La terre naquit, l’aube naquit en dansant sur un pied. Il y eut la première pluie ; et les saisons, se mirant dans une flaque, purent se composer un visage.
Satan inventa le poil et dessous il mit les animaux marcheurs et rampeurs. Pour lui faire échec Dieu inventa la plume et dessous il mit des chants sous l’appellation d’oiseaux. En collaboration Dieu et Satan firent l’homme.
Si je ne garantis pas l’authenticité de cette Genèse – mais pourquoi pas, après tout ? – je suis sûr du moins que l’oiseau n’est pas né sur un mode bien différent. C’est incontestable, Dieu le créa pour parer au gris du silence qui baigne le monde, à l’enfer.

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LOYS MASSON 

Poète et romancier mauricien , 1915 – 1969

Extrait de Célébration du rouge-gorge,

 Robert Morel éditeur, 1964

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Oeuvre JEAN-LUC L.

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