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EMMILA GITANA
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12 août 2007

LA FEMME - UNIVERS

 

 

C'est une femme-île dont les bras de quatre vents ceignent les mers
une femme-main dont les cinq doigts de sable tamisent l'écume
une femme-temps aux innombrables grains pour filtrer la beauté qui passe
C'est une étroite bande virile dans l'océan qui la surplombe

Sa langue dorée prend des reflets de lapis-lazuli
des reflets de syntaxe sur fond d'azur offerts à sa peau de lambris

Un cancer de mausolées saints borde ses reins de sable
Elle le guérit dans des alcools nordiques distillés de haines banales
et tuméfiée et lourde, elle cautérise son destin aux abysses de l'attente

Des villes ont pris ses jupes pour territoire
Des maisons de justice ont encerclé ses doigts de bijoux carcéraux
et quand elle lisse maintenant le revers de ses peines
elle accroche le velours de cités des pierres serties d'inutile remparts

Ses bras lavent les sourires sur la peau des enfants
Le sable crisse au gré de ses lèvres une romance de filles trop jeunes
cinq étoiles plantées comme rosace dans leurs cheveux

Des humains pleurent
Ce sont des hommes car les femmes rient
elles n'ont de temps que pour le rire

Elle a vu se faner dans le gris de ses yeux des cathédrales aux noms d'archanges
Des gisants baptisés de lucre ont effacé le récit des commencements
et les hommes durs ont avalé ogres et fées dans une déglutition de pastis

Le matin a défait sa nuit
L'oubli cousu aux paupières des amants s'est fait caresse dans tous les langages
Elle danse sans fin sur l'écho des baisers

Le désert pousse parfois un cri d'écorce amère aux portes de son sommeil
Elle gémit et se tourne alors sur les coraux d'un lit défait aux senteurs de volcan
mais le désert insiste
Des hommes en robe de solfège lui récitent la prière des sécheresses
Chaman, elle mèle ses sourires de poussière par devant elle
Dissimule la vastitude de ses seins
et des pouvoirs étranges grésillent dans la voix de ses invités
leurs burnous affranchis des rigueurs des ténèbres

Quand ils repartent, le vent les accompagne jusqu'au tapis des neiges
Ils rêvent à des prairies couvertes d'enfants métissés de langue sauvage et d'aubépine

Pourtant, tous l'ignorent
Femme-île, mère-continent d'une rive à l'autre
tous lui parlent sans la nommer car elle réside dans le regard des petites filles et des très vieilles femmes

Divisée par temps calme en mille et une tendresses
Une tempête la concentre en unique tornade
et Dieu lui-même n'ose plus penser à elle
Les guerres inventent alors pour elles des armures en acier de vanité
Les guerres font tomber à ses pieds des rebuts de détresse

Mais elle demeure la femme-sable, la femme-temps

Maquillée de mondes qui s'entrechoquent
elle soupire des nuits de sorcellerie qui enfantent tous ses désirs
et c'est en vain
car tout s'épuise dans la chevelure d'insatiables comètes
car Tout puise les gaz rares aux flammes d'outre-monde
des songes de paresse noués en lianes infidèles que les hommes oublient de défaire

 

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 LEILA ZHOUR

 

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