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EMMILA GITANA
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19 octobre 2007

Cinq méditations sur la beauté.........extrait

Si j’étais le seul être unique, et si tous les autres étaient identiques, je ne serais qu’un échantillon bizarre, bon à être exposé dans la vitrine d’un musée. L’unicité de chacun ne saurait se constituer, s’affirmer, se révéler à mesure et finalement prendre sens que face aux autres unicités. Là est la condition même d’une vie ouverte. C’est avec cette compréhension juste qu’elle ne risque pas de s’enfermer dans un narcissisme mortifère. Toute vraie unicité sollicite d’autres unicités, n’aspire qu’à d’autres unicités. Le fait de l’unicité se vérifie autant dans l’espace que dans le temps. Dans l’espace, les êtres se remarquent et se démarquent par leur unicité. Dans le temps, chaque épisode, chaque expérience vécue par chaque être est également marquée au sceau de l’unicité. L’idée de ces instants uniques, lorsqu’ils sont beaux et heureux, suscite en nous des sentiments poignants, accompagnés d’une infinie nostalgie. Nous nous rendons à l’évidence que l’unicité de l’instant est liée à notre condition de mortels ; elle nous la rappelle sans cesse. C’est la raison pour laquelle la beauté nous parait presque toujours tragique, hantés que nous sommes par la conscience que toute beauté est éphémère. C’est aussi l’occasion de souligner d’ores et déjà que toute beauté a précisément partie liée à l’unicité de l’instant. Une vraie beauté ne saurait être un état figé perpétuellement dans sa fixité. Son advenir, son apparaître-là, constitue toujours un instant unique ; c’est son mode d’être. Chaque être étant unique, chacun de ses instants étant unique, sa beauté réside dans son élan instantané vers la beauté, sans cesse renouvelé, et chaque fois comme neuf. A mes yeux, c’est avec l’unicité que commence la possibilité de la beauté ; l’être n’est plus un robot parmi les robots, ni une simple figure au milieu d’autres figures. L’unicité transforme chaque être en présence, laquelle, à l’image d’une fleur ou d’un arbre, n’a de cesse de tendre, dans le temps, vers la plénitude de son éclat, qui est la définition même de la beauté. En tant que présence, chaque être est virtuellement habité par la capacité à la beauté, et surtout par le « désir de beauté »...

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FRANCOIS CHENG

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