SOLITUDE
Des mains oublieuses de chaque caresse
qui recherchent sur les cordes
un chant si ancien
qu'il ne peut être évoqué.
La première ombre est sur le seuil de ta chambre :
chose vaine regarder dans le miroir d'argent
un visage différent de celui d'hier.
Rien ne t'appartient, pas même ton visage ;
tu ne voudrais rien posséder de tant de choses :
seulement l’écho de ce chant d’autrefois.
Que de mots dits ou écoutés
du jour désormais enfui,
et les sourires qui effleuraient ton visage
comme des rayons de lune tombante, l'obscurité du lac ;
mais dans ton cœur, l’éternel
chagrin pour un chant perdu
qui veut te revenir.
Et peut-être ne l'as-tu pas connu,
tu as toujours ignoré
quelle harmonie captive doucement les notes
qui te hantent, dispersées.
Peut-être es-tu ce chant
et ta vie est le désir qui te ronge ;
peut-être est-ce cela mourir : rechanter un chant oublié.
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ELENA BONO
( D'après un ancien manuscrit de courtisane chinoise )
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Oeuvre Xiaoqian Li-Columeau