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EMMILA GITANA
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6 août 2011

QUAND LA NUIT DERAILLE

J’ai le cœur sédentaire et l’âme vagabonde

Quand la nuit déraille, je suis l’enfant du cri

Je viens d’une autre mémoire

Plus grande que l’ici, aussi vaste que l’ailleurs.

 

J’habite le passé de l’absence

Je ne suis que l’odeur d’un regret

L’ombre pâle d’un anonyme

Une feuille d’automne que l’hiver piétine.

 

Te souviens-tu du cri lointain du chèvrefeuille ?

De la déchirure du soir sur l’envolée des hirondelles ?

De l’odeur du désir dans la moiteur des étoiles ?

Du vent à l’arrêt aux déraisons du soleil ?

J’avais un sommeil de sable.

 

Il pleut des mémoires et du feu

Et tant de guerres qui cognent aux vitres

Je cherche un enfant qui me ressemble

Mais tous les enfants me ressemblent

Ils partent un parchemin à la bouche

Un sourire dans la main.

 

Qui donc autre que la mort déchire le parchemin ?

Qui donc autre que les hommes écrasent la main et le sourire ?

 

Il faudrait repeupler le vent

Je me souviens du cri du chèvrefeuille

 

Être homme ne suffisait pas

Il fallait montrer papier, identité

Couleur et carnet de confession

Il fallait partir, pleurer, mourir

Le rêve habitait des vertus polymères

Et des nuits dépeuplées.

 

Quand les hommes meurent

Il fait brouillard partout.

 

Il faudrait tuer les bruits qui courent

Pour tuer la rumeur.

 

Là-bas j’avais une terre

Des bourgeons d’argiles aux toits des maisons.

 

Je me rappelle du nid d’hirondelle

Quand l’oiseau est tombé

Et la vie qui cessait dans une main d’enfant.

 

Le vieil homme avait dit :

Tu auras d’autres raisons de pleurer

La vie ne vaut-elle pas toutes nos larmes ?

 

Quand la nuit déraille, je suis l’enfant du cri

Je viens d’une autre mémoire aussi vaste que l’ailleurs

J’ai visité le miroir

Un cri lointain de chèvrefeuille cache tous les mouroirs du monde

L’ogre de barbarie et le marchand, encore, traverseront la nuit.

 

J’habite le passé de l’absence

Le vent me déplace sur une feuille d’automne

J’ai mangé ma colère et mes regrets

Je cherche un enfant qui me ressemble

Mais tous les enfants me ressemblent

Aucune vengeance, aucune guerre

Ne vaut le temps perdu à ne pas aimer.

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JEAN-MICHEL SANANES

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0acomenfantscasbahc1923

 

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