GITANOS, GITANOS
Gitanos gitanos
que le vent emporte que le vent emporte
où allez vous où allez-vous
dans ce siècle qui rapine sur la peau des pauvres ?
Gitanos gitanos
mon chien n’a plus de terre
mon hibou n’a plus de nuit
Gitanos gitanos
où vont vos vies ?
Au royaume barbare partout la mort cogne aux portes
la nuit n’a plus d’étoiles
mon chien n’a plus de rêves
où va le vent que le jour emporte ?
Où est votre place où est ma place ?
Gitanos gitanos
mon hibou mange la nuit
mon chien ronge sa chaîne
les hommes vivent en laisse
entre Dieu et Diable les hommes s’enchaînent
ferment les portes
mettent le rêve sous clef
se gavent de fausses vertus
Gitanos gitanos
la liberté roule à contre sens
le vent mange mes mots
les préjugés menottent l’amour
où allez vous loin des prisons dorées ?
Gitanos gitanos
le long de nos routes, la misère est une ortie blafarde
partout où les hommes souffrent
la vie s’étire comme une flamme sur nos douleurs,
partout le flamenco ouvre la nuit
comme l’aube illumine l’espoir
Gitanos gitanos
mon chien cherche la lumière
Gitanos gitanos
et le vent nous emporte
Gitanos gitanos
où est votre place où est ma place ?
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JEAN-MICHEL SANANES
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Photographie Henri Cartier-Bresson