EPITHALAME A NOUCHE
Soyons de ces oiseaux
que chante Appolinaire
Pihis qui n'ont qu'une aile
et qui volent par couple.
Sois l'aile de réserve
pour mon exubérance
la paix la permanence
de mes rêves d'errance.
Toi l'aimant la mesure
et moi la fantaisie.
Je serai ton audace
tu seras ma patience
Toi la lampe et l'étoile
mon sang et ma prunelle
l'eau de source candide
où mes sèves s'abreuvent.
Moi la ruse et la lutte
ton feu ton étincelle
le rude le solide
où tes vertus s'affûtent.
Je serai la rosée
de tes jardins intimes
le vent doux l'aube claire
qui chassent tes angoisses.
Tu seras l'embellie
promise la jouvence
mon pollen mes racines
mon paradis trouvé.
Toi le jour moi la nuit
la halte et le départ
l'alpha et l'oméga
moi le yin toi le yang.
Nous serons les contraires
unis les camps adverses
les doubles les bifaces
et les complémentaires
l'élan inséparable
par l'échange et l'inverse.
Migrateurs sédentaires
côte à côte épaulés
nous ferons le parcours
des amants sans légendes
et les enfants sans nous
poursuivront le voyage
que notre réussite
aura rendu possible.
Même si notre course
demeure sans retour
sans relais sans refuge
et sans itinéraire
si la mort est au bout
si le sort nous sépare
si les joies nous sont brèves
si les maux nous assaillent
pour la mener ensemble
dopons-nous à l'amour.
.
MICHEL-FRANCOIS LAVAUR
Epithalame à Nouche
(dans "Les Ouches du pont")
.
Oeuvre Alfred Stevens