CONTE DE NOËL...UN JOUR DE PAIX
Depuis le premier janvier 1900, il ne s'est pas passé
un seul jour sans guerre, mais pas un seul …
Le père Noël, installé à son nuage-bureau, avait une liste dans chaque main et vérifiait que ses stocks correspondaient bien avec les commandes des enfants : vélos, rollers, game- boys, poupées, patinettes, ballons de toute sorte, jeux de société, panoplies de Zorro, panoplies de Princesse, livres et plein d’autres jouets. Bref, tout était en ordre pour livrer.
Le père Noël appela un bénévole de "L'Association des Amis du Père Noël" et lui demanda de charger le traîneau. Pendant ce temps, le père Noël avait plein de lettres à lire qui venaient de pays éloignés. Le père Noël vida les sacs et prit une lettre. Elle venait d’Argentine et il lut :
"Bonjour Padre, j'ai 8 ans et on m'appelle Pablito. Si tu peux, amène-moi un ballon, un vrai ballon de foot. Celui qu'on a ne
vaut plus rien. C'est des chiffons attachés avec des ficelles. Quand je serai grand, je serai champion. Merci, je te fais un gros bisou. Ah ! J'oubliais, avec le ballon on pourra jouer avec tous les copains." Le père Noël mit "accordé" sur la lettre et en prit une autre.
Elle venait d'Afrique, du Burkina Fasso et disait :
"Bonjour père Noël, je m'appelle Mamadou et je voudrais bien beaucoup de feuilles de papier avec des stylos bleus, noirs, rouges et des verts. Je fais quinze kilomètres à pieds pour aller à l'école et si tu m'envoies ce que je te demande, je pourrais copier mes leçons et les apprendre en marchant. Ici, on a qu'un livre pour quarante. Plus tard, je serais maître d'école et j'apprendrais aux autres. Je t'embrasse sur ton gros nez." Le père Noël annota "accordé".
Il prit une autre lettre, elle venait d'Extrême-Orient, du Laos. Le père Noël lut:
"J'ai 8 ans, je suis une fille et je m’appelle Dieng. Père Noël, tu es fort alors demande aux soldats de venir enlever les mines qui sont enterrées autour du village. Mon papa a sauté sur une mine, moi aussi il me manque un bras et une jambe. Aussi, si tu pouvais nous parachuter des appareils pour marcher et des bras aussi, comme ça tout le monde pourrait travailler et s'amuser. Fais pour le mieux. Je t'embrasse sur ta barbe."
Le père Noël, ému, mit "accordé" et ajouta "en priorité".
Le père Noël choisit une autre lettre en espérant qu'elle ne serait pas si grave. Cette lettre venait d’Ethiopie et disait :
"Je ne sais pas mon âge, je ne sais ni lire ni écrire, c’est une dame qui écrit. Je m'appelle Hailé. On a toujours faim et on a rien à manger. S'il te plaît apporte-nous de la farine, du blé et des graines qu’on fera pousser pour nourrir tout le monde."
Là aussi, le père Noël accorda la demande en urgence car il était de plus en plus ému.
Le père Noël ouvrit une autre enveloppe, elle ne contenait pas de lettre mais seulement un dessin. On y voyait une femme avec un bébé dans les bras, entourée d'enfants. Il y avait une inscription en gros caractères sur laquelle on lisait "S.I.D.A." et en dessous le mot "médicaments". Et dans un coin un tout petit cercueil avec une petite croix. C’était signé Sofiane, 7 ans. Le père Noël était en pleurs et marqua en grosses lettres "ACCORDE URGENT."
Après avoir réfléchi, il prit au hasard une dernière lettre, "c'est injuste les hommes sont trop bêtes." Alors il lut cette dernière qui disait :
"Père Noël, j'ai 9 ans, je m'appelle Nasser et j'habite en Palestine. Toi tu es le plus fort, alors s'il te plaît essaye de faire taire le canon, que les chars restent au garage, les avions dans les hangars et qu'on n'entende plus le cliquetis des mitraillettes. Mon grand-père, mon père et plusieurs de mes oncles sont morts aussi à la guerre. Je n'aime pas la guerre et je ne veux pas mourir. Je veux continuer à jouer avec mon copain Moshe, il est juif. Ah oui ! Il paraît que les juifs et les palestiniens sont cousins par Abraham ? Pourquoi on se tue entre nous ? Père Noël fait ce que je te demande, ça me ferait vraiment plaisir."
Immédiatement, le père Noël prit une grande décision. Il monta sur son renne le plus rapide et tel une flèche, il fit le tour du monde. Il alla voir les rois, les reines, les princes, les présidents élus démocratiquement et les présidents auto-proclamés, les chefs, les émirs, les sultans et même les dictateurs. Il n’a peur de personne le père Noël.
Avec ses convictions, ses arguments, sa ténacité et sa forte personnalité, le père Noël eut gain de cause. Les canons se turent, les chars restèrent au garage, les avions dans les hangars, les mitraillettes ne crépitaient plus. On entendit les oiseaux qui commencèrent à pépier. Et grâce au père Noël, ce Noël là, tous les enfants du monde eurent le plus beau des cadeaux :
Un jour de Paix
Hélas, ce fut le seul......
ROGER SALEILLE