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EMMILA GITANA
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21 mars 2013

DEHORS....Extrait

 (...) 

Voyais-je cet espace quand j’étais enfant ? Ou bien n’était-il qu’un été perpétuel ? «Quand nous cessons d’être des enfants, nous sommes déjà morts». Le sommes-nous ? Le langage façonnant la réalité avec ses racines dans la magie : n’est-ce pas une part de cette enfance mais filtrée à travers le tamis de l’expérience ? Nous parlons d’«enfants de la nature». Nous sommes nous-mêmes des gosses de la nature, rapetissés dans le futur, appauvris dans le langage. Le contact naturel avec les choses de chaque jour, pleines de sens dans le monde qui nous entoure, peut nous offrir un commencement, un fondement. Que disent ces choses muettes, usées, usées jusqu’à la corde ? Peut-être communiquent-elles moins qu’elles ne construisent : images, mots, sons. Le langage est le rythme de la vie, la croissance des saisons de manière sensuelle, tangible. Le chemin est long qui mène de la naïveté de l’enfance à la «simplicité» de l’expérience du poème. Les étés, les automnes ont fui, la solitude a changé comme les couleurs de l’arbre, le silence s’est approfondi :
          Aucun mot, aucun mot.
          La neige tombe.
          Et le vent semble souffler en arrière
                                        (Papago)

     Ainsi chante la vieille femme indienne dans le froid. Je suis assis tranquille, les bras croisés. Le poème est une image d’une femme au-dehors de la femme qui chante son chant. Le chant est posé sur le chant. Quand le vent en vient à souffler par hasard vers l’arrière, la vieille femme est projetée immobile vers sa mort. Il n’y a rien à rajouter : le destin de la vie se passe de mots. Pourtant la voix est encore là, la forme de la vieille femme, un silence, une saison. Je suis près d’une expérience lyrique originale, d’un lieu central pour celui qui parle, de quelque chose de «merveilleux et saint / même s’il a lieu tous les jours» (Pawnee), près du «jour qui file merveilleux parce qu’il ne revient jamais».

(...)

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BO CARPELAN

 

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amerindien2

 

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