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EMMILA GITANA
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18 juillet 2017

ANTI PROCES-VERBAL

Je constate,

je n'en bâtis pas un système au sommet duquel je NOUS place

je constate,

 mais qu'un chat me prenne pour un chat,

pis encore une chatte.

Qu'un chien veuille pour mon bien m'imposer sa vue de chien,

qu'une grenouille me reproche mes poils,

qu'un corbeau me vante la charogne ou un lion

les entrailles chaudes d'une antilope.

NON

Et pourtant voilà où nous en sommes

dans les manuels scolaires, les cénacles, les tables rondes,

les programmes de n'importe quel parti.

Il n'y eut jamais que la prise du pouvoir

par une certaine façon d'éprouver

par une certaine espèce dans cette physiologique,

espèce qu'on dit "humaine".

Il n'y eut, il n'y a pas d'humanisme"

qui ne soit ce despotisme

Alors ?

eh bien alors c'est la sauvage sauvegarde contre toute emprise

                    de ce "je ne sais quoi" ou "...pas",

c'est pareil - qui donnerait à tous les révolutionnaires raison

s'il était accompagné de la force native sans quoi il avorte.

Je ne reproche rien aux avortés

sont-ils des avortés ou des victimes d'un modèle,

des séparés d'eux-mêmes des fragmentés des engloutis ?

je ne suis pas une compagnie de sauvetage,

je reproche de moins en moins,

je plains de moins en moins,

ne verse pas une larme

sur les dominicaux morts de Pâques ou du mois d'Août,

je ne suis pas chargé de l'ours ni du ténia,

je ne suis pas chargé de l'air que je respire,

mais je suis pour le changement

car il peut réveiller ceux qui seulement dorment

ce sont les seules victimes !

Il y a des coriaces, des forces congénitales inavortables,

des vies, elles sont rares, elles viennent dans n'importe

quelle race, clan, secte, langue

elles absorbent tout cela contiennent tout cela,

ne sont pas contenues, ne sont explicables, imitables

des vies

J'ai salué les doux

Me faut-il un interlocuteur?

Je n'ai pas le vertige, même différents, même opposés

nous nous reconnaissons en quelque chose,

un influx comme d'un même feuillage,

mais ce serait d'un arbre aux mille millions

milliards de racines , de troncs,

nous nous reconnaissons

nous négligeons l'absence et le monde est peuplé

mais sans aucun pardon pour intégrer les restes

cette fraternité de mousse et d'aloès,

de chenilles et de ciel de cascade et de poux

nous lâchons les béquilles des vies

elles contiennent tout ce qui sur Terre vit.

 

Il y a cependant les affiches qui gueulent,

qu'on ne voit même plus,

qu'on ne veut même plus arracher.

Il y a, la longue pompe aspirante des routes à grand tirage

qui font qu'on ne sait plus s'arrêter,

sauf dans des vapeurs d'huile et de gaz brûlés.

Il y a l'horreur à la terrasse des monuments aux morts

qu'on ne veut même plus voir sauter.

Il y a l'arrêt fixe au poteau des vacances,

panorama prévu et masque à oxygène donné pour de l'air pur.

Il y a la donzelle en short monoprix,

étendue dans les champs en gueulant transistor.

Il y a en hiver le cinéma qu'on prend, le disque qu'on rabache,

le sourire chewing-gum de l'idole, neuve icône pendue au front du lit.

Il y a ces cervelles bourrées dès les 6 ans de fausses certitudes.

Il y a ces regards par millions, satisfaits, fascinés, avalant sans en rien rejeter

la voix sortie des lèvres de mannequins payés.

C'est à vous que je parle,

vous que j'ai coudoyés dans l'anonymité usante,

sous l'uniforme, l'informe, la masse accélérée en descente d'objets.

Je vous ai vus ramper, je détournais les yeux,

je vous voyais vous mettre en boule dans votre coin,

n'être plus qu'un manche de balai une manivelle,

un tout ce qu'on voudra,

pourvu qu'on ne perde pas ce qu'a pas le voisin.

Vous,

atrocement plats devant l'autorité des hommes et "d'un état des choses".

Je n'avais rien à perdre

la preuve est que la vie m'a emmené au lieu

où jouir et donner s'unissent en un seul mot.

Nous n'avons rien à perdre,

vous haussez les épaules,

vous craignez de laisser paillasse pour bois dur et haricots pour fèves.

Vous comptez votre paie, votre tendresse,

vos joies les voilà enterrées verrouillées,

empêchées de nuire, n'est-ce-pas de changer quelque chose ?   

Vous,

mis hors-course, dévalués et qui nous expulsez.

S'il en est parmi nous échappés par la drogue,

s'il en est parmi nous fous à lier,

s'il en est revenus comme vous, résignés,

c'est que vous nous manquez.


C'est que toute richesse non risquée en plein jour, atrocement nous manque.

Une harmonie se nomme, elle est très exigeante,

elle n'est pas encore née, elle vous demande.

 

 

.

 

 

BERNARD JACOBIAK

 

 

.

JAMES PORTO,,

Photographie James Porto

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