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EMMILA GITANA
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30 décembre 2020

ANNUS HORRIBILIS...

Quitter cette maudite année qui fut un bel enchaînement de "seaux de merde " déversés sur nos têtes...Covid 19, des milliers de morts dans le monde, confinements, attentats, toujours des morts en Méditerranée, réchauffement climatique, répression sioniste en Palestine, guerres, répression sociale et policière et j'en passe. Donc la perspective de passer à une autre année est-elle si réjouissante? Et bien,non. J'ai bien conscience de refroidir l'ambiance mais enfin, si fêter le Nouvel An consiste en effet à enterrer l'année précédente et à lui dire adieu, le contexte nous amène aussi à souhaiter la bienvenue à la nouvelle année avec une énorme crainte pour tous...

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En ce qui nous concerne 2020 fut une très très mauvaise année...Nous avons perdu 7 compagnons à quatre pattes, 2 par la négligence d'un enfoiré, vétérinaire de son état, qui pratique à Figari en Corse du sud, 2 de maladies impossibles à combattre et trois de vieillesse - 6 chats et un chien...Ce sont, n'en déplaise à ceux qui nous critiqueront , de véritables deuils...
Mi-mars, nous avons suivi un protocole de soins durant 14 jours pour Covid 19; J'ai perdu mon père le 15 Août, ma fille est tombée gravement malade et l'est toujours dans une Italie qui supprime ou reporte les rendez-vous médicaux selon les caprices d'un virus envahissant...Les aléas de la vie et les ruptures sentimentales se sont également invités dans la famille...Je ne parle même pas du lot de maladies et handicaps  des années précédentes...Ne nous en voulez pas, mais les voeux, c'est rapé pour l'année à venir au vu du contexte sanitaire, et nous les réserverons à nos plus proches, pas forcément en les déclamant , mais en y pensant très fort en nos coeurs...La tradition n'a plus cours dans un environnement où tout se casse la figure...Nous terminerons en publiant ce texte magistral de GRAMSCI, qui fut et qui demeure plus que jamais une excellente réflexion

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! DIAMON~11

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Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la  date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

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(Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ») Traduit par Olivier Favier.

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! DIAMON~11

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ernest pignon ernest

Oeuvre Ernest Pignon Ernest

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