THIERRY MATHIASIN...Extrait

Robe nébuleuse de mon île qui boit son eau de traversée, en archipel de brasier trempé sans barque apaisante, ballotté entre des récifs invisibles

et les vagues accidentées de son corps

La nuit n'a pas essoré son trop-plein d'aigreurs,

ni fermé les paupières de ses rêves torturés

Quel ancrage possible dans sa dérive perpétuelle, cherchant désespérément la rive promise depuis des siècles à sa résilience ?

Tous les regards sont noyés non dans des larmes intarissables, mais dans une conjonction de heurts qu'éclabousse difficilement la violence des jours

De l'horizon, nous avons tous un étouffement à démêler, le front triste d'un enfant,

orphelin de son histoire,

porteur d'une prière que les arbres accueillent dans leurs sèves amères

Robe nébuleuse surplombant les grandes chevauchées des côtes impalpables,

noirs sont les jarrets de nos insomniaques grondements

Quand nous marchons c'est par intervalle de déséquilibres, quand nous dansons c'est que la terre n'a pas recousu ses entrailles

Aux fleurs jamais captives des rhizomes,

nous filons vers notre destin, attendrissant tant bien que mal les globules rouges d'un endémique bouleversement

Rues toutes gorges déployées vers les sources insoumises, pelletées d'étoiles que notre sang recouvre de ses tragiques ascensions

Robe nébuleuse semant partout ses cendres, s'infiltrant dans la rage de nos intimités, migrants toujours en perte de direction mais complotant contre les naufrages qui griffent la chair des aubes,

le bout d'un monde debout à la croisée d'une possible éclosion

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THIERRY MATHIASIN

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