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EMMILA GITANA
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2 août 2022

LES SONGES IMPATIENTS...Extrait

Poèmes à L. S. Senghor
à la mémoire de Tchicaya U Tam’si
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Dans les brumes jaunes,
il sillonnait les limbes de ses souvenirs,
marcheur inconsolable,
les rapaces suspendus à ses paupières,
milans contre mouettes, la mer,
toujours la mer coupable de tant d’envols.
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Baobab centenaire, il abritait des pains 
pour des cris séditieux, les feuilles rares,
les yeux sur les rameaux effilés,
ce bois ne brûle point, disait-il,
le tronc mort ne peut être dédié au brasier,
il faudra toute la saison sèche pour renaître.
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Au loin, sur la cime des pierres,
canons et bougainvillées,
l’île aux mille couleurs pansait sa peau,
le sel dissous dans la plaie et la coupe pleine,
il implorait les rochers,
"témoignez du sang qui soude vos pores"
.
Les chaînes lourdes de son calvaire,
lune endolorie,
il chassait les ombres de la curée,
dans la demeure âpre,
les chiens poudreux ameutaient ses stupeurs,
les murs éprouvés et les pas dans les vents grondeurs.
.
Il ouvrait la porte du non retour,
ses lianes,enlaçaient les pleurs de Gorée à Port-au-Prince,
pesée après pesée, les cales cupides guidaient
les navires d’enfer, frère des captifs,
il épurait la mer, toujours la mer,
coupable de tant de lumière.
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Comme un raphia, il invitait les pirogues,
chargé de l’ultime rumeur,
les palmes sousl’étreinte du ciel,
toutes les écailles,les perles pour les royaumes de l’éphémère,
l’étoupe noire et le tambour victorieux.
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Et le soleil volait ses rames,
marin del’insondable,
il palpait le cœur de la mer,
toujours la mer coupable de tant de naufrages,
ici les filets couvrent les tombes des pêcheurs,
là le sable peuple les rêves du cimetière.
.
Reviennent les couleurs de la terre,
l’ancêtre noire nourrissait les cernes sous l’œil
comme un rébus,
les caravanes dépliaient l’or sur l’étoffe du songeau bord de l’oubli.
.
C’était à Saint-Louis,
les murs réveillaientleur sanguine pâleur,
bagnes écaillés, palmes essuyant au vent sa torpeur
les rues criaient aux pierres,
soyez étincelles ou stèles en fureur,
au fond de l’opprobre, le soleil, écarlate.
.
De siècle en siècle,
il remontait le cours des fleuves inapaisés,
sel serrant sel, la peauà la lisière de la nuit,
et s’embrasent les souvenirs de fer,
le sable fier consolait la mer,
la mer toujours la mer ravissant la rumeur.
.
Épurée la danse sur la langue de mer,
l’iguane traversait les routes par les matins 
où les sèves convient la lumière,
cours, il y a l’ardente terre dans les bras du fleuve,
l’île aura tous les embruns pour se parer.
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TAHAR BEKRI
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Patricia Juhoor-Demandre

 Oeuvre Patricia Juhoor Demandre

https://www.facebook.com/lesrevesderomy

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