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EMMILA GITANA
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12 juin 2023

MUJER NEGRA II ...Extrait

  Femme noire

 

Je sens encore l'écume de la mer qu'ils m'ont fait traverser.
La nuit, je ne m'en souviens pas.
Même l'océan ne pourrait s'en souvenir.
Mais je n'ai pas oublié le premier fou de Bassan que j'ai vu.
Hauts, les nuages, comme des témoins innocents.
Peut-être n'ai-je pas oublié ma côte perdue, ni ma langue ancestrale.
Ils m'ont laissé ici et 'est ici que j'ai vécu.
Et parce que j'ai travaillé comme une bête,
ici je suis né à nouveau.
À telle ou telle épopée mandingue j'ai tenté de me rattacher.

    Je me suis rebellé.

Sa Grâce m'a acheté sur une place.
J'ai brodé la veste de Sa Grâce
et donné naissance à un fils.
Mon fils n'avait pas de nom.
Et Sa Grâce, est mort des mains d'un lord anglais impeccable.

    J'ai marché.

C'est la terre du pays où j'ai été battue et fouettée.
Je me suis embourbée le long de toutes ses rivières.
Sous son soleil j'ai semé, moissonné et les récoltes je ne les ai pas mangées.
Pour logis, j'avais une baraque.J'ai moi-même apporté les pierres pour la construire,
mais je chantais au rythme naturel des oiseaux nationaux.

    Je me suis insurgée.

Sur la terre de ce même pays j'ai touché le sang visqueux
et les os pourris de beaucoup d'autres,
qui, tout comme moi, ou pas, ont été portés à le faire
Je n'ai plus jamais imaginé la route de la Guinée.
Était-ce en Guinée ? Au Bénin ? Était-ce à Madagascar ? Ou bien au Cap-Vert ?

    J'ai travaillé encore plus dur.

Ainsi ai-je fondé au mieux mon chant millénaire et mon espoir.
Ici, j'ai construit mon monde.

    M'en suis allé dans la brousse.

Mon indépendance véritable c'était le palenqué*
et j'ai chevauché parmi les troupes de Maceo*.

Juste un siècle plus tard,
avec mes descendants
des hauteurs d'une montagne bleue,
    j'ai dévalé la Sierra

pour en finir avec le capital et les usuriers,
avec les généraux et les bourgeois.
Maintenant je suis : seulement aujourd'hui nous possédons et créons.

Rien ne nous est étranger.
La terre est à nous.
A nous la mer et le ciel.
A nous la magie et la chimère.
Mes égaux, je les vois danser
autour de l'arbre que nous avons planté pour le communisme.
Son bois prodigue résonne déjà.

 

 

        Mujer negra


Todavía huelo la espuma del mar que me hicieron atravesar.
La noche, no puedo recordarla.
Ni el mismo océano podría recordarla.
Pero no olvido al primer alcatraz que divisé.
Altas, las nubes, como inocentes testigos presenciales.
Acaso no he olvidado ni mi costa perdida, ni mi lengua ancestral.
Me dejaron aquí y aquí he vivido.
Y porque trabajé como una bestia,
aquí volví a nacer.
A cuanta epopeya mandinga intenté recurrir.

 Me rebelé.

Su Merced me compró en una plaza.
Bordé la casaca de Su Merced y un hijo macho le parí.
Mi hijo no tuvo nombre.
Y Su Merced, murió a manos de un impecable lord inglés.

 Anduve.

Esta es la tierra donde padecí bocabajos y azotes.
Bogué a lo largo de todos sus ríos.
Bajo su sol sembré, recolecté y las cosechas no comí.
Por casa tuve un barracón.
Yo misma traje piedras para edificarlo,
pero canté al natural compás de los pájaros nacionales.

 Me sublevé.

En esta misma tierra toqué la sangre húmeda
y los huesos podridos de muchos otros,
traídos a ella, o no, igual que yo.
Ya nunca más imaginé el camino a Guinea.
¿Era a Guinea? ¿A Benín? ¿Era a Madagascar? ¿O a Cabo Verde?

 Trabajé mucho más.

Fundé mejor mi canto milenario y mi esperanza.
Aquí construí mi mundo.

 Me fui al monte.

Mi real independencia fue el palenque
y cabalgué entre las tropas de Maceo.

Sólo un siglo más tarde,
junto a mis descendientes,
desde una azul montaña,

 bajé de la Sierra

para acabar con capitales y usureros,
con generales y burgueses.
Ahora soy: sólo hoy tenemos y creamos.
Nada nos es ajeno.
Nuestra la tierra.
Nuestros el mar y el cielo.
Nuestras la magia y la quimera.
Iguales míos, aquí los veo bailar
alrededor del árbol que plantamos para el comunismo.
Su pródiga madera ya resuena.

 .

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*Palenque est l’un des sites maya les plus riches du sud du Mexique, à la limite de la péninsule du Yucatán.

Antonio Maceo y Grajales, né le 14 juin 1845 à San Luis, mort au combat le 7 décembre 1896 à Punta Brava, est un combattant et héros de la lutte pour l'indépendance de Cuba. Il participe à plus de 900 combats dans la guerre des Dix Ans (1868-1878) et la Guerre d'indépendance (1895-1898). Il a été surnommé le Titan de Bronze pour sa force et sa couleur de peau. Les Espagnols surnomment Maceo aussi « Le plus grand lion ». Maceo était l'un des plus remarquables chefs de la guérilla au xixe siècle en Amérique Latine, comparable à José Antonio Páez au Venezuela pour sa perspicacité militaire.

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NANCY MOREJON

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ESCLAVAGE2

 

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