SEULE ENFANCE ET AUTRES POEMES...Extrait
Le ciel passait
Par dessus les murs
Des jardins.
Chacun découpait
Son drap du jour
L'air fut bruissant d'anges
Mitoyens.
Des autres
J'avais connaissance
Par le ciel.
Il y avait une lumière fraiche sur la route
Le croisement restait vide
Ici et là se balançaient doucement.
Le soleil incrustait dans toutes les vitres
Ses diamants fervents.
Sur la pelouse devant la maison
Une petite fille en robe verte
Tenait une poupée par la main.
Souhaitant l'ombre,
Elle souriait vers celle qui tirait
Les traits de feu.
Elle te cherchait toujours du regard
Toi, qui vivais à sa place
Qui sauvais tout,
Fermant vite les yeux pour te laisser
La part plus belle.
Elle avait tout juste le présent :
Mince bande de sable déjà humide des premières
vagues,
Toi, tu avais tout son temps.
Où se sont accumulés les jours
Dans quelle tête absente ?
Grenier de semences
Tiroirs de vent, bassins de pluie,
Feux de soleil...
La mort est le lieu
Des choses
La vie
Est le miroir réel
L'espace
Entre quatre yeux
Par -dessus les murs, le ciel
et le jardin tant de fois revu en rêve,
le poirier n'abrite plus personne
et l'échelle a été enlevée il y a longtemps.
Comme un mandala vide, la pelouse,
s'y tenir au centre c'est tomber dans un puits
qui traverse le temps.
Transposer cette chute en distance franchissable,
c'est restituer la présence absente,
renaître au sourire mortel de l'amour,
d'en bas je vois le cercle pâle du jour.
Je ne veux plus marcher dans
les chemins creux, ni sur les
routes escarpées. Il me faut
un dallage lisse pour que la
maigre coulée de ma tête ne se
perde pas en écume contre les
cailloux de hasard.
Il y a un monde créé par le souffle des sensations,
de parfums et de lueurs trouvés au bout de longs
couloirs raccourcis dans l'instant.
Un monde où nous nous éveillons autres en nous -
mêmes, la certitude d'un rêve arraché colorant encore
nos yeux de jour.
Un pays sans profondeur où les choses déversent
sur nous comme des vagues, nous laissant un corps
d'écume.
Ce sont les oiseaux qui gardent l'accès, le ciel est
un bruit d'ailes, la terre, un pied nu dans l'herbe.
Nous connaissons le proche d'un lointain infini.
Des choses si simples
Une chambre, un lit
quelqu'un qui dort
ou qui ne dort pas
une respiration de mots
jamais dits
entre les murs
qui abritent ailleurs
maintenant
.
HEATHER DOHOLLAU
.