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EMMILA GITANA
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30 janvier 2016

LETTRE OUVERTE - A TOI MON JEUNE FRERE TURC -

Ton prénom c’est Evren, Feythi ou Yelda,
es-tu garçon ou fille ?
Je ne sais pas.
Mais il faut que je te livre un secret.
Je ne t’en veux pas.
On veut te faire croire que nous sommes ennemis.
Depuis cent ans est-ce encore possible ?
Mon grand père s’appelait Dikran et ma grand-mère Zarhouï.
C’était des arméniens.
L’un a eu la tête sciée, l’autre a marché,
le long chemin de Samssoun jusqu’en France ;
elle tenait par la main, un enfant de ton âge.
Aram
Ce fut mon père.
S’il te plait écoute un peu.
Nous avons grandi toi et moi, par l’amour de nos parents,
la présence de nos amis.
Dans la lumière de nos jours et nos nuits.
Par la force tendre de nos frères et de nos sœurs,
en dépit de nos chagrins, de nos disputes, de nos rancœurs,
de nos souvenirs vécus, tremblés, transmis.
Mon chemin de lutte s’épuise enfin.
J’ai déchiré le plan des bombes, j’ai brisé mon couteau.
Je ne veux plus ni poudre ni balles.
Ecoute encore un peu.
J’ai tenté faire entendre, de mille manières,
d’abord avec la bonté ancestrale des miens, et puis par le fer et le feu,
la reconnaissance d’un seul mot,
parce qu’il contient l’histoire de nos deux peuples.
Génocide.
On te dit c’est un mensonge.
Tu n’as même pas le droit de prononcer le mot.
« Ils » demandent des preuves.
Puisqu’il est vain de te faire voir encore, les hideurs commises
Par tes ancêtres, torturant encore les miens,
je n’ai plus d’autres témoignages à t’apporter que moi.
Oui, moi.
Ecoute encore un peu.
Pourquoi suis-je ici et toi là-bas ?
Pourquoi ce demi-peuple, éparpillé de part le monde ?
Ce furent les massacres et ce fut l’exode.
Entends le vent ce soir.
Il porte encore le souffle de nos doudouks, et les larmes de nos mères.
Leurs voix sont immortelles.
Regarde par les monts et les plaines, d’Adana à Erzeroum,
Et de Trébizonde à Deïr-ez-Zor ce qu’il reste de nos empreintes,
de nos monastères, nos églises et nos villages.
Ces pierres sont elles tombées du ciel ?
Non !
Elles sont le témoignage d’une foi et d’un génie humain.
De tout un peuple.
Attends, j’ai presque fini.
Mon frère turc, une dernière chose.
Je voudrais puisqu’il est encore temps,
pouvoir te serrer dans mes bras.
Sache bien que certains des miens,
pour cette idée vont me traiter de renégat.
Je m’en moque ce qui m’importe,
C’est toi.
Mais il faut que les puissants qui t’obligent,
soient persuadés, qu’ils peuvent devenir plus grands encore,
qu’ils ne sont déjà, en demandant pardon
pour ce qu’ils ne sont pas.
Il leur reste, une date, une chance ;
24 Avril 2015
Un siècle exactement après le premier génocide du vingtième siècle .
Imagine un instant tout que nous pourrons partager alors.
Le même pain, le même sel et l’espérance pour demain.
Je vais continuer jusqu’à mon dernier souffle,
à préserver la mémoire d’un peuple sans sépulture ;
n’en déplaise aux hommes à genoux.
A toi de voir maintenant, qu’elle est ta place là.
Je voudrais tant te voir debout.
Vertical comme une main ouverte, dans l’honneur retrouvé.
J’ai confiance.
C’est mon devoir d’homme juste.
Il peut être le tien.
A bientôt, mon frère.

nb/
Je t’ai vu l’autre jour désirer être libre.
Ils t’ont frappé. Je les reconnais bien là.
Tu ne faisais que crier,
ce qu’on l’on grave ici dans les cœurs et les pierres :
Liberté
Egalité
Fraternité.

 

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HENRI ARAM HAIRABEDIAN

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frontiere turco armenienne2

Anciennement frontière turco-arménienne

 

 

 

 

 

 

 

 

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