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EMMILA GITANA
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21 février 2016

ECAILLES

Mort où tant de vie s'égare

de nos faibles yeux abandonnée.

Torrent tu nous étonnes

étincelant et boueux

de bouche en bouche

le doux et l'amer

cailloux et bois

achevés repris.

Ces photos floues

que le temps a bougées.

La lumière se cherche sur nos mains

et soudain tout est plume

neige neige —



Le même vent traîné dans le feu

la même nuit avec la même texture de branches

d'un bonheur inavoué.

La même croissance dans les gestes

et reffeuillement des mains sur la peau

trouées soudaines dans les formes

quand l'espace nous entend —



Nous avons vécu tout juste

le temps de ce poids

de tout ce qui sans plainte se déchire

ta vue hier soir

et ces tout petits ports des yeux

les paupières repeintes.



Depuis des ans nous n'avons plus commerce

qu'avec les pierres.

Nos pas s'allument aux craies aveugles

gisement étroit entre deux points d'eau.

Ma vie brûlée de tant de lumières

parfois d'une immense tendresse j'oublie

que tout est sourd

et me lève comme une mélodie.



Je t'écoute

son qui creuse les matins les corps très minces dansent sur les couteaux découpés dans la trame d'une résurrection —



Nos vies mûries au plus chaud de nos membres

toutes nos demeures en marche désormais

l'épaisseur obtuse de nos murs

de grève en grève et de mer en mer

poreuse et frêle dans la main

et partout ces écailles

où le jour frissonne et se décompose.



Je dis maintenant que tout est lisse et consterné je dis par les monts chauves de la mémoire dans les plis d'un grand rideau d'écumes quand s'ouvrent les fenêtres de mer que s'ajuste le ciel face à l'ombre et lisibles les rames du passant —

Jusqu'où m'étendrai-je à te veiller ?

Tu m'apprends à marcher quand la route se tait

N'oublie pas ce blanc du bois des fenêtres le soir.



La nuit circule le long de ses vastes réseaux ces pupilles se dilatent à vitesse constante et ne craquent jamais — tu n'arriveras jamais au fond de cette nuit



détail tremblant obstiné fiévreux

je lis ta rigueur dans l'ombre des fonds

tout est si lisse si net si reposé

aucun désordre ni colère

dans la neige pure des lois

les bêtes à griffes et à dents

luttent en silence

entre peau et lumière —



toute cette grandeur d'air s'engouffre dans les gestes tout ce qui n'est pas encore vient si près dans la paille de tant d'univers éteints —

je connais tes pas qui s'usent dans mes veines

je connais ton pas comme les mots que je fais

comme ce qui troue mon silence

et se défait

Tu verses des nuits dans mes membres

et me laisses

quand le jour se heurte à mes lampes

te refaire de rien.

 

.

 

LORAND GASPAR

 

.

LORAND

Commentaires
T
Merci pour ce festin inespéré (j'apprécie beaucoup la poésie de Gaspar) doublé d'une belle sculpture avec la lumière!<br /> <br /> Bonne fin de soirée chal-heureuse!
Répondre
EMMILA GITANA
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