PAROLE D'OMBRE

Il y a une parole confiée au silence, que l'ombre nous transmet. Une parole d'effacement qui est parole de tendresse. Peut-être pourrions-nous aussi parler de bonté. Lavis d'ombre sans que soit raturée cette lumineuse coulée qui la contient. Mais plus proche de notre dénuement. Je crois à cette parole d'ombre. Elle n'est pas jeu de lumière ou de solitude mais ce que nous pouvons comprendre d'un dialogue qui se fait, qui se défait en nous. A chaque instant. Car nous ne pouvons comprendre que l'ombre. La brisure de l'éclat.

Affamés de soleil, de cette lumière violente qui nous pousserait hors des limites (les prétentions ont été bien réduites!), nous sommes pourtant ce versant d'ombre, c'est notre pente. Je crois à cette parole d'ombre. Ma main glisse sur la table, devient multitude de touches impossibles à décrire. Pousse la parole à l'impuissance. Ombre de l'ombre! Simplement posée là, et quel murmure de sang et d'ombre, quelle certitude de fardeau un instant déposé! Je crois à cette légèreté quand c'est l'ombre qui m'y conduit. Passagère, passante, c'est le voile pudique sur la suffisance, la vulgarité. Elle vient ruiner le cri. Elle ouvrira demain mon regard à la lumière, et je consentirais peut-être à l'entendre, elle aussi, sans déchirement. C'est la seule leçon, la discrétion de cette ombre qui s'éloigne.

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PIERRE-ALBERT JOURDAN

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Comments

[m.tutti]

Ah très bien !

Je me disais que cela pouvait etre la meme personne puisque les deux prenoms font penser au sud, mais la probabilité etait 1peu mince car sur le blog, le post est du 26 fevr.

Encore merci de nous avoir fait decouvrir ce poète qui parait assez confidentiel, et qui au 1er abord semble avoir autant de modestie que de talent.

Avant d'etre pleinement apprecié aujourd'hui, Jean-Sebastien Bach était dans l'oubli près de 200 ans.

Ce soir j'ai envoyé un courriel à la libre antenne en remerciement pour la lecture d'hier, et pour vous qui l'avez posté.

J'y disais aussi que le poeme m'avait fait penser à l'oeuvre du cineaste Jean-Daniel Pollet, et en particulier son film Dieu sait quoi, à partir des textes de Francis Ponge.

Bien à vous Emmila

[emmila]

Oui c'est moi qui ai posté ce texte sur la page de la libre antenne...Malheureusement je n'étais pas à l'écoute hier...Merci de me l'avoir signalé, je vais aller l'entendre en podcast...Bien à vous

[m.tutti]

Bonjour Emmila,

merci pour le partage de ce texte, je viens de l'entendre lu, lors une emission de radio, La Libre antenne. Il avait été posté par une personne qui s'apelle Carmen, sur leur page face book (je ne suis pas sur les reseaux sociaux).

Ce texte est tres touchant et profond. Une belle decouverte qui ouvrent sur des correspondances subtiles.