OUTRE TEMPS
En terre de silence
de schiste et de légendes,
seule.
Un long bras d’argile
consenti au fleuve
un bras anéanti très las.
Si tendue
que soit l’absence
si vibrant le silence,
rester parmi les ronciers
ou peut-être
retourner au port.
Il faudrait longer
le froid les craquelures
s’asseoir un instant
dans la fascination du vide
et résister
surtout résister.
Trop de remous et de vagues
trop de nouveautés abrasives
surtout ne pas céder.
Marche après marche
vers l’écume
le bouillonnement initial
vers la mer
par le vent ouverte
vers le fleuve
vers le soleil renaissant
hors des boues.
En marche
pour l’immédiat
le préhensible
en marche vers.
Ride profonde
déposée par distraction
par insouciance
voix fragile de l’infime
si claire…
Comme un bras de terre
consenti au fleuve
ou un ciel traversé
de mouvements épais et ralentis
comme un espace
dénudé nivelé
ou comme la grâce
de l’errance d’Ophélie
comme soi simplement soi,
être.
.
AGNES SCHNELL
.