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EMMILA GITANA
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1 septembre 2020

SIGNES INSIGNES...

En ces jours de vent Ponant clairs et lumineux, sur les cieux profondément bleus, par les noces de la terre, des îles et de la mer, j'aurai l'espace d'un rêve convolé  au royaume de l'Eau - Delà, rallié le vol  rasant des Puffins Cendrés, renoué avec les grands espaces de la voile libre, ô  gestuelle insensée ! 

Un solo affranchi  allant par des ciels  d'aubes et rebelles et  que les éléments appellent, auxquels je me dois de rendre humblement ces   mots en prose, afin qu'ils soient et demeurent essentiels, fondamentaux, vitaux, quelque part et silencieusement   révélés.

Je me suis pris,  au hasard  des signes de l'azur et de la solennelle Psyché des âmes,  aux jeux  divinatoires de la prévision saisonnière tout en évitant  par le travers la sémantique branchée des modèles superfétatoires et excessivement virtuels, froids.

Ainsi renouai-je  à chaque bordée  avec l'adage et le dicton d'antan, poétiques à souhaits, tellement apaisants, si vrais.

J'interpréte toujours  le vol des hirondelles, l'échappée lointaine des petits Albatros,   les contrastes saisissants qui  prévalent  aux heures denses du soleil et de la mer argentée,  des risées réfringentes,  des flèches de nuages en cheveux de glace qui  annoncent  encore le grand frais entêté et le Mistral des  Santons de Provence ...

On eût décelé  et recouvré ces horizons  que l'on pressentît  à jamais immuables. Des nuages en ballons  accouraient de l'amont, accrochaient les cimes et cailloutaient un ciel  abyssal, choral, à  peindre, à louer, à chanter 

 

 

Comment croire, admettre  qu'il en fût autrement ? Mais la donne a changé et le  cours du temps pressé  bascule de l'autre côté des mondes viables et sereins.

Le souffle du vent, les températures  anormalement  chaudes de la Grande Bleue ont  failli aux promesses de l'été en devenir. Et  en dépit des dernières averses, des grains nourris et parfois violents, le sale temps s'est  à nouveau installé, n'accordant   guère de bons augures pour le dénouement des saisons  et des prochaines lunaisons.

Octobre, jadis, nous gratifiait d'une mince pélicule de neige sur les  crètes et  les sommets surplombant la mer ! Les nuits de septembre versaient  dans une fraîcheur parfois saisissante. Nous écoutions les chants traditionnels de nos villages, après que les oiseaux eussent loué  le soir,   nous allions, chaudement couverts, dès la nuit tombée.

Vers le 15 Août, la montagne Corse,  lentement,  s'endormait sous d'épais  manteaux de brume et de brouillard. Les vergers  et la vigne offraient  leurs fruits et le pampre  roussis enivrant  de la feuillaison. Les hautes  vallées fumaient et fleuraient bon le bois de chêne longuement séché. Le retour de l'estive se faisait entendre. Les sonnailles donnaient et les chiens  bergers cavalcadaient. La  nature émergeait de la   torpeur estivale des bords de mer  parfois redoutée.

Quelque  chose changeait, qui nous emportait  et nous enveloppait, nostalgiques que nous étions de l'été si vite écoulé, passager du temps qui va  et qui revient,  chargé de souvenirs et de souhaits.

On prétend que la neige aurait   déjà recouvert la haute montagne des massifs alpins. Mais la glace  et les eaux  fossiles  turbides nous échappent et nous quittent, à  jamais. Tout n'est qu'apparence aux yeux de qui ne voit plus avec le coeur et l'amour  des sources... 

Alors, que vous rapporter  de ces échappées belles, de cette frénésie de grands espaces  mouvants qui m'habitent et  que l'on pensait à jamais  intouchés,  vierges, tutellaires ?

Une immense consternation, l' affliction  que l'on éprouve face à l'impossible décours d'une  double maladie frappant si fort  à l'âme : la cupidité et la soif de pouvoir ! 

Laissez-moi donc vivre l'ivresse et les alcools spleenétiques d'un sentiment océanique insaisissable, le fil harmonique de l'eau  allant l'amble des  accords  lénifiants de la harpe druidique. 

Il n'est point ici d'images ou d'exercices de styles qui s'imposent à l'étantité  souveraine des choses et  des métamorphoses qui nous échappent.

Que je sois un instant, modeste passeur, croisant sur la voie blanche  et bleue  de la pureté,  respectueux d'un merveilleux, d'un mystérieux dessein de vie  intelligent. Je ne saurai le nommer. J'en pressens comme l'esquisse, solennellement, les prémices, le numineux  prémonitoire de l'émoi.

 

 

 

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CRISTIAN-GEORGES CAMPAGNC 

A la Recherche du Temps  Perdu  /  Prose Marine

 

 

 

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CRIS25

 

 

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