2 août 2022
CARTHAGE PARLE A JOAL
A Léopold Sedar Senghor
.
.
Quand sonne l’heure au secret de la conque
De nouveau, verdit le Sahara
Comme aux temps de la gloire caspienne.
Et convergent les caravanes.
.
De Sijilmassa, grand emporium des sables
De Tombouctou, jardin éclos autour de l’Arbre
De Tassili, ivre de ses fresques.
Alors Carthage parle à Joal...
.
Et la rumeur des vagues à Popenguine
Retrouve son écho
au rivage des Syrtes.
.
Longtemps nos paroles croisées ont tatoué la mer
Comme, en leur envol souverain,
Les colombes de nos pensées calligraphiaient le ciel
.
Nos chants emmêlés ont fait lever l’Harmattan
Et, dans la plume des moissons,
Dériver, cavale de pollen germiné,
Les légions pacifiques du Poème.
.
Feu et neige sur la coiffe du Kilimandjaro
Poisson d’or sur les eaux mères du Congo
.
Antilope cabrée flancs des dunes blondes
Étoile évanescente parlant au nom du jasmin
Le Poème.
.
Racine du baobab, chevelure du palmier
Question du Sphinx sculptée à l’abrupt des falaises
Respiration des marées, portulan des nuages
Le Poème, en ses métamorphoses.
.
Il dit, le poème :
Qu’un seul arbre peut être ciel
Une seule aurore, naissance
Et que l’amour est la raison du monde.
.
Il dit, le poème :
Continue ton chant,Coryphée
Pour donner la mesure au chœur qui t’accompagne
Car si tu cesses d’apprivoiser la mer
Qui, jamais, pourra nous conjurer
Contre la montée des eaux ?
Qui, jamais, nous offrira son Arche
Contre le Déluge ?
.
.
.
.
.
SHAMS NADIR
.
.
.
.
Commentaires