L'ENVERS
A l’envers de l’ombre il y a un chant
d’oiseau au bord d’un étang le grand soleil d’été
L’ombre est celle d’un frêne il frémit imperceptiblement
Le chant la voix d’une mésange quatre notes flûtées
L’ombre c’est moi encore peut-être qu’elle ombrage
Ce fut moi qui écoutais l’oiseau
Le ciel pâle
en moi se mire dans l’eau de l’étang
Les feuilles du frêne éparpillent leur chuchotement
et l’herbe vive crépite de sautereaux verts
Je voudrais toucher une à une chaque note du chant de la mésange avec mes doigts pour être sûr que ce qu’elle chante c’est pour de vrai chaque note une anémone blanche très petite dans l’épaisseur du sous-bois
Chaque son pur qui se lève et dit
C’est moi le sol mineur à haute enfantine irrécusable voix
Les années autrefois étaient plus immobiles les frênes les mésanges l’herbe les étangs plus certains Tout était pour de vrai Ce qui existe a l’air d’exister moinsd’être moins sûr de son droit ou bien est-ce moi?
À l’envers du temps la mésange s’arrête de
chanter l’arbre de frissonner
Je reviens sur mes pas
Je te parle tu me réponds toi ma vie à
l’endroit de l’ombre et du temps
mais pour de vrai
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CLAUDE ROY
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Oeuvre Eliosha Nokomis