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EMMILA GITANA
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29 septembre 2013

JEAN MALRIEU

Cette page, c’est la nuit, elle brûle. Toutes les pages et les nuits brûlent, nuits sans étoiles mais avec beaucoup de formes délirantes qui sont les constellations de l’homme adulte. On y entre et nul ne sait quand il en sortira. Une nuit de draps froissés et d’herbes fortes, une nuit de forêt, une nuit paysanne, une nuit faite de miroirs, et de chuchotements, de spasmes, d’arbres qui frottent leurs branches, une nuit sans suite, de désespoir et de combat. Une nuit aveugle. La femme que j’aime est belle et mon sang lui appartient. C’est une nuit que je poursuis depuis toujours, jamais la même, puisque je ressemble à l’éclair qui se fraie un passage entre les branches et déracine la plainte qui habite le cœur de la terre. Tendu à l’extrême comme pour faire jouir l’amour dans les années, j’y vais de tout le poids de mon âge et de ma science. Depuis que j’aime, je sais qu’elle approche quand les feuilles frémissent et derrière la poésie, par-delà le cercle de feu, dont la Walkyrie. Je voudrais inventer tous les mots, et cette page, c’est ton corps, c’est le poème qui chante comme une blessure.

 

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JEAN MALRIEU

 

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NUIT3

 

 

 

 

 

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