Merci à Marie-Paule et Raymond Farina
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Revenant des piétés discrètes
de la petite humanité
d’une Malte absolue,
quelque chose comme un appel,
une prière
vers Dieu sait qui :
Que nos pères soient moins célestes
& nos mères plus maternelles.
Que toute larme soit de joie,
que soit de mai toute pensée,
que tout enfin coule de source.
Que paissent l’éternité verte
les bêtes qui nous ont sauvés
de tant de déluges d’acier
& qu’on cesse de dispenser
des noms de nymphettes & de fées
aux typhons & aux génocides.
Que nous soient donnés l’ennemi
capable de pleurer nos morts
& de veiller sur leur sommeil,
l’ami qui voit notre visage,
invisible depuis longtemps,
& reconnaîtra notre voix
dans la rumeur des herbes folles.
Que ne mentent plus les promesses,
que ne blesse plus la tendresse,
que notre peine s’assagisse
& que guérissent ceux qu’on aime.
Comme un appel,
une prière
que, silencieusement,
le silence transporte
là-bas
vers Dieu sait qui.
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RAYMOND FARINA
Extrait de Fantaisies, Editions L’Arbre à Paroles
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